DANS L’USAGE DE L’EAU, de l’énergie sous toutes ses formes, dans un mode de vie plus économe des objets, dans la recherche d’une nourriture saine, dans l’urgence de limiter le volume des déchets, toutes les résolutions sont bonnes à prendre. Mais les progrès seront lents et on ne peut y croire que si de nouveaux comportements sont dictés plutôt que proposés. Exalté par les médias, réclamé par des écologistes crédibles et pas forcément politiques, inscrit dans notre avenir immédiat, le développement durable passe par d’immenses efforts et souvent par de gros sacrifices.
Ecologie sans frontières.
Encore faut-il que les gouvernements en soient les premiers promoteurs et qu’ils aient le courage d’ignorer les conséquences politiques de programmes environnementaux. Lesquels sont d’autant plus difficiles à imaginer et à appliquer qu’ils recouvrent à peu près toutes les activités industrielles. Il existe des méthodes pour adapter la consommation aux exigences de l’environnement, depuis le choix de l’emballage jusqu’à la façon de se chauffer. Elles sont extrêmement contraignantes, mais il vaut mieux s’y plier librement dès maintenant qu’attendre qu’elles s’imposent sous la forme de la pénurie ou de la catastrophe écologique.
Une autre difficulté réside dans la diversité des nations qui n’ont pas toutes la même évaluation du problème ; l’écologie est coûteuse et si tous les pays ne marchent pas du même pas, des biais concurrentiels s’instaurent entre eux. C’est pourquoi l’écologie, qui n’a pas de frontières, est plus l’affaire des vastes ensembles géographiques que de chacune des nations ; et c’est pourquoi les dispositions que nous serons de toute façon conduits à prendre auront plus de force au niveau européen qu’au niveau national. La France seule ne peut pas, par exemple, adopter le moteur hybride ; il faut en équiper toutes les voitures de l’Union européenne.
Ce qui ne signifie pas que nous resterons inertes tant que le reste du monde n’aura pas progressé simultanément dans le sens d’un environnement plus sain ; une foule de mesures écologiques peuvent être prises immédiatement qui n’affecteront pas nos positions commerciales. On peut, par exemple, appliquer à tous les emballages ce qui est déjà fait pour les sacs en plastique : ils disparaîtront en France dans moins de dix ans et se raréfient déjà dans les supermarchés. Toyota n’a attendu personne pour mettre au point sa Prius et pour la vendre. La hausse des prix du pétrole rend possible l’exploitation de nouvelles énergies. L’avarice en courant électrique, en chauffage, en eau n’est plus le réflexe du pauvre ou de la personne économe, mais celui de l’écolo.
La contrainte économique.
Le rôle de l’Etat est de fournir les infrastructures qui permettront aux gens de se conformer aux consignes environnementales : la suppression des sacs en plastique n’est pas efficace si les gens les achètent pour emballer leurs ordures ; les transports publics ne remplaceront pas la voiture s’ils ne sont pas pratiques et rapides ; les énergies alternatives ne seront pas consommées si elles ne sont pas mises largement à la disposition du consommateur.
ON NE PEUT PAS EXIGER DES PAYS EMERGENTS QU'ILS RENONCENT A LA MONDIALISATIONCe qui a beaucoup contribué au recul de l’écologie ces vingt dernières années, c’est d’abord un pétrole bon marché qui a différé la recherche sur les autres énergies ; c’est aussi la contrainte économique : quand on veut résorber un chômage de masse, on n’hésite pas à créer des emplois polluants. C’est à cette contrainte que s’adresse l’idée de développement durable et l’espoir général réside dans le marché de l’emploi qu’ouvrira à terme la protection de l’environnement. Mais il ne faut pas se faire d’illusions : l’homme est le pire ennemi de la planète et il n’existe pas d’activité humaine qui ne soit aussitôt nuisible à l’environnement.
Bien entendu, la notion de développement durable s’applique aussi aux pays qui tentent de s’arracher à la pauvreté ; le monde industrialisé s’efforce de leur faire admettre que le développement durable leur permet de faire l’économie de la phase anarchique de la croissance.
La seule façon de croître.
D’une part, ils voient dans l’attitude des pays développés, qui leur donnent de bons conseils écologiques après avoir énormément pollué et sans avoir renoncé à le faire, une forme de paternalisme particulièrement insupportable ; d’autre part, la preuve est faite, quoi qu’en pensent les ennemis de la mondialisation, que l’aide directe a échoué et que la seule façon de croître, c’est de libérer les forces du marché, comme cela s’est passé successivement en Asie du Sud-Est, puis en Chine, puis au Brésil, puis en Inde, qui sont à la fois des modèles de croissance et de pollution.
Certes, si le monde industrialisé n’a pas de leçons à donner, il serait regrettable que, au nom de la croissance, les pays émergents ne tentent pas de concilier leur expansion économique avec des normes environnementales. Par exemple, la forêt d’Amazonie doit être protégée contre un commerce qui est en train de décimer ses arbres et de remplacer « le poumon de la planète » par des étendues désertiques. Plus la conservation de l’énergie et la protection de l’environnement sont nécessaires et plus la tâche semble au-dessus de nos forces. Notre premier devoir est de nous y atteler dès aujourd’hui.
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