DEPUIS UN AN, l’Afssaps entend explorer la notion de démocratie sanitaire dans toute sa dimension. Elle souhaite développer la participation des patients dans l’univers des professionnels de santé par le biais du monde associatif. «A l’heure où les citoyens expriment des attentes fortes en matière d’information et de participation aux processus sanitaires, il est indispensable de renforcer les réseaux existants et d’ouvrir des espaces d’échanges et de concertations», selon Jean Marimbert, le directeur général de l’agence. Il avertit aussitôt qu’ «il ne s’agit pas là de confondre dans une sorte d’amalgame les responsabilités de chacun des acteurs, la responsabilité des experts qui donnent un point de vue scientifique et médical, les décideurs de santé publique dont l’agence fait partie, la responsabilité du prescripteur, le professionnel de santé, et la responsabilité que peut avoir le malade par rapport à sa propre santé. Chacun des acteurs a son mot à dire et peut avoir sa valeur ajoutée».
Pour Jean Marimbert, cette démarche d’ouverture vers le monde associatif est relativement inédite : «Nous avons déjà eu des relations avec des associations; mais il s’agissait alors de prises de contacts dans des cadres liés à des pathologies déterminées. Notre objectif aujourd’hui est d’élargir le partenariat et de nous engager dans un travail commun avec un nombre plus élevé d’associations, couvrant un champs beaucoup plus larges de pathologies.»
Pour nouer ce nouveau lien associatif, l’Afssaps a d’abord envoyé en août 2004 un questionnaire aux associations de patients et de consommateurs de produits de santé avec lesquelles elle était déjà entrée en contact par le passé. Elle a reçu une soixantaine de réponses et une première réunion d’échanges s’est tenue le 2 décembre 2004 au siège francilien de l’agence avec un trentaine d’associations. Trois grands thèmes de réflexion sont alors ressortis des différents débats et ont donné lieu en 2005 à la constitution de groupes de travail entre l’Afssaps et les associations : la transparence et la diffusion de l’information, la vigilance vis-à-vis des produits de santé et les procédures d’échanges entre l’Afssaps et les associations de patients et de consommateurs.
Une « fiche de notification » à l’essai.
Une année de collaboration étroite entre les deux parties a permis la genèse d’un certain nombre de projets en devenir. Le groupe référent chargé de « l’amélioration des documents d’information destinés au grand public » travaille actuellement sur un «guichet patient» incluant des documents didactiques destinés à compléter les informations fournies dans les notices pharmaceutiques. Ce groupe de travail se penche également sur la publication d’un document d’information pour les personnes se prêtant à des recherches biomédicales.
Pour Bernard Delorme, responsable de la cellule information des patients et du public, «l’implication des associations dans les travaux de l’agence est déjà une réalité». Une étude pilote menée par une vingtaine d’entre elles va permettre de tester des nouveaux outils d’information élaborés l’année dernière. Parmi ces documents, « la fiche de notification » remplie par le patient par le biais des associations participantes, qui doit permettre de signaler des événements indésirables liés à un produit de santé. Selon le Dr Anne Castot, chef du département de surveillance des risques de médicaments à l’Afssaps, l’objet de cette phase pilote est de «jauger la qualité des infos collectées pour voir si elles se révèlent propices ou non à une analyse de l’événement indésirable sans avoir recours aux professionnels de santé référents pour pouvoir documenter le cas. L’objectif est de pouvoir un jour prendre en compte ces informations sans recourir obligatoirement au médecin référent ou au pharmacien pour avoir une validation médicale».
Par ailleurs, le groupe de travail « surveillance du risque » va poursuivre cette année la réflexion entamée en 2005 sur l’accès pour les associations, puis le grand public à des bases de données de vigilance. «Il y a un certain nombre d’informations que nous recevons des professionnels de santé qui sont saisies dans des bases de données. Il serait judicieux d’envisager l’ouverture de ces bases à des fins consultatives aussi bien pour les associations que pour les patients», poursuit le Dr Castot. Un portail Internet d’informations dédiées au patient devrait voir le jour d’ici à trois ans.
Enfin, le groupe « d’implication des associations dans les travaux de l’agence » va, dans un premier temps, constituer un registre des médicaments en ATU nominative. Il réfléchira à la participation des associations aux commissions de l’agence dont l’extension a déjà été proposée par l’Afssaps. Si le directeur de l’agence reconnaît naturellement qu e «l’on ne peut intégrer toutes les associations à nos structures», il souligne l’importance d’une «réflexion à mener sur le rôle des associations participantes par rapport à l’ensemble des autres associations qui doivent pouvoir s’exprimer en tant que telle et porter des messages et des recommandation».
En outre, si l’Afssaps va, dans un premier temps, s’appuyer sur son socle initial d’associations partenaires, elle va plus généralement réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre pour s’ouvrir davantage sur le monde associatif de la santé, qui compte pas moins de 8 000 structures dans notre pays.
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