Beaucoup de carrières prématurément interrompues aboutissent à un exercice d'écriture qui, en général, a pour objectif de raconter une expérience et de lui donner une dimension historique.
Le juge Eric Halphen appartient à ce groupe de « reconvertis ». Il démissionne de son poste et publie un livre.
On le lira. Dans un entretien publié par « le Parisien », l'ancien juge d'instruction raconte ses mésaventures dans l'enquête sur les HLM de Paris. Comme l'instruction traquait des hommes politiques, et pas des moindres, on a tenté de le discréditer, on l'a menacé, il a eu peur pour lui et pour les membres de sa famille.
Peut-être parce que sa rigueur ne devait pas s'arrêter aux portes du pouvoir, peut-être parce que, détenteur d'informations occultes sur les agissements de la Mairie de Paris, il a pensé qu'il sortirait grandi de son combat contre la corruption de la classe politique, il a fait vaciller des positions solides.
Mais il semble en payer le prix, puisque, après avoir renoncé à convoquer le président de la République, il a décidé de quitter la magistrature.
Ce n'est une bonne nouvelle que pour ceux que son enquête menaçait. C'en est une très mauvaise pour le respect du droit en démocratie. Personne ne peut dire ce qui, de son désir de justice ou de ses ambitions personnelles, animait le plus le juge Halphen. Personne, non plus, ne se satisfera de ce que la justice s'appuie, comme sous le régime de Vichy, sur des dénonciations anonymes. Mais c'est ainsi qu'Eva Joly a démonté l'affaire Elf-Roland Dumas. Et le but ultime de la justice n'est-il pas la manifestation de la vérité ? On peut très bien ne verser aucune larme sur les déboires du juge Halphen et regretter en même temps que la corruption ait gagné cette manche.
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