Ces états généraux de l'organisation de la santé (EGOS), organisés par le gouvernement pour calmer les étudiants, internes et chefs de clinique mobilisés contre la remise en cause de la liberté d'installation dans le PLFSS 2008, ont semble-t-il, porté leurs fruits. Aucune voix discordante ne se fait aujourd'hui entendre chez les jeunes médecins pour contester les premières pistes de réforme retenues par Roselyne Bachelot. «Nous avons beaucoup travaillé et nous sommes pleins d'espoir», affirme Charles Mazeaud, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). La ministre de la Santé a en effet repris de nombreuses revendications des jeunes médecins lors de son discours de clôture des EGOS. Elle a tout d'abord annoncé que le dispositif de formation serait revu pour améliorer l'attractivité du métier de généraliste et qu'elle renforcerait la filière universitaire de la spécialité. Roselyne Bachelot veut inciter la création de maisons de santé pluridisiciplinaires et la mise en place d'un guichet unique à l'installation. «Nous sommes très satisfaits de l'inscription des missions des généralistes dans le code de la santé publique, explique le Dr Fabien Quédeville. C'est indispensable pour que les jeunes se tournent vers la médecine générale.» La ministre de la Santé a également promis la revalorisation du diplôme d'études spécialisées (DES) de la discipline. Le groupe de concertation a émis l'idée de porter ce diplôme de trois à quatre ans. «Il faut perfectionner la qualité de la formation, faire en sorte qu'elle s'effectue pendant un an en ambulatoire, commente Bérangère Crochemore, de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). Nous devons aussi trouver d'autres terrains de stage en ambulatoire en ORL, en dermatologie et en psychiatrie. Les internes de médecine générale le demandent, ils sont favorables à une réforme de la maquette du DES.» L'Intersyndicat national des hôpitaux (ISNIH) souhaite aussi «une formation rigoureuse pour la discipline, mais on va doubler le nombre d'internes et on ne sait pas où on va les mettre en stage», s'inquiète son porte-parole Olivier Véran. Plusieurs mesures spécifiques à la formation ne font pas l'unanimité : l'interrégionalisation des épreuves classantes nationales (ECN) ou la mise en place d'un numerus clausus régional. «Nous ne sommes pas sûrs que cela aille dans le bon sens, commente Charles Mazeaud. Les étudiants n'ont pas envie d'être prisonniers d'une région et on se demande si cette interrégionalisation aura des répercussions sur les problèmes posés à l'échelle des cantons. Quant au numerus clausus régional, il entraînerait un problème d'inégalité de réussite au concours de PCEM1.»
Les propositions finales des EGOS ne devraient pas être uniquement incitatives. Roselyne Bachelot n'a pas exclu «des mesures de régulation respectueuses de la solidarité intergénérationnelle dans les zones très surdotées». Les jeunes médecins ne s'en sont pas offusqués. «On évoque une période probatoire, un postinternat de trois ans ou un salariat de trois à cinq ans pour les jeunes diplômés de médecine général. Il s'agirait d'une mission d'intérêt générale, précise Fabien Quédeville. On est tout de même loin du déconventionnement prévu au départ».
Le Nouveau Centre mise sur les ARS
Bizarrerie du calendrier, le Nouveau Centre organisait le jour-même de la réunion finale de la première phase des états généraux un colloque consacré à la démographie médicale. L'occasion pour Jean-Luc Préel, député de Vendée et responsable santé du parti centriste, de rappeler son ambition de voir le paysage institutionnel réformé avec la création des futures agences régionales de la santé (ARS) dont il est partisan. «Je voudrais que ces ARS soient responsables du contrôle des dépenses de la médecine de ville et de l'hôpital, commente Jean-Luc Préel. Il ne resterait à l'assurance-maladie qu'à rembourser. Il faudra aussi supprimer les doublons et revoir le rôle des DDASS, des DRASS, des URCAM.» Le responsable du Nouveau Centre s'est prononcé sur plusieurs dispositions contenues dans les conclusions des EGOS. «La maison de santé n'est pas la panacée, mais c'est une bonne solution. Nous plaidons pour les maisons de santé cantonales avec à l'origine un projet médical. Si on construit les murs pour mettre des médecins dedans, ça ne marchera pas.» Jean-Luc Préel a également souligné que le Nouveau Centre était favorable à la mise en place d'un numerus clausus régional par spécialité pour répondre aux problèmes de pénurie médicale.
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