Le 19 décembre
• Dauphins, lions, poissons-clowns, oiseaux de toutes sortes, kangourous, singes, crabes, insectes sont au rendez-vous des «Animaux amoureux» filmés au quatre coins du monde par Laurent Charbonnier, avec une musique de Philip Glass et un commentaire dit par Cécile de France.
• Un fils doit-il payer pour les crimes de son père ? Tel est le ressort de «la Clef», polar sombre de Guillaume Nicloux dans lequel Guillaume Canet, invité à récupérer les cendres de son géniteur, qu'il ne connaît pas, est victime d'une machination. Avec Marie Gillain, Vanessa Paradis, Josiane Balasko, qui retrouve son rôle de commissaire de « Cette femme-là », et Thierry Lhermitte celui du détective d'« Une affaire privée ».
• Dans le genre policier, voici un film à l'humour décalé signé par un jeune cinéaste de 32 ans, Romuald Beugnon, et produit par les frères Dardenne. «Vous êtes de la police?», qui a donné leur dernier rôle à Jean-Pierre Cassel et Jean-Claude Brialy, se situe dans une maison de retraite. «La comédie permet de faire passer ce que j'avais envie de raconter sur l'institutionnalisation», dit l'auteur-metteur en scène.
• Marie Gillain est aussi l'héroïne de «Ma vie n'est pas une comédie romantique», un premier film de Marc Gibaja, auteur de « la Minute blonde » de Canal +. Et c'est bien sûr une comédie romantique.
• Une petite fanfare de la police égyptienne vient jouer en Israël et atterrit dans une petite ville du désert où elle n'est pas attendue. «La Visite de la fanfare», premier film de l'Israélien Eran Kolirin, dit qu'il est toujours possible au moins de se parler. Bénéficiant de la présence de Ronit Elkabetz et de Sasson Gabai, le film, a reçu le grand prix du public le prix Nouveaux Regards aux Rencontres internationales du cinéma à Paris et le prix de la révélation européenne et du meilleur comédien aux European Film Awards.
• Le beau roman de science-fiction de Richard Matheson, «Je suis une légende», publié en 1954, a fait l'objet de plusieurs adaptations cinématographiques, dont le mémorable « Survivant », avec Charlton Heston en 1971. Cette fois, devant la caméra de Francis Lawrence, c'est Will Smith qui, en médecin militaire, se retrouve seul humain sur Terre, à la suite d'une guerre biologique, à l'exception de dangereux mutants.
• Et aussi, réservé aux (jeunes) amateurs d'action violente, dernière production de Luc Besson, «The Hitman», de Xavier Gens d'après le jeu vidéo du même nom, avec Timothy Olyphant (le shérif de la série « Deadwood ») dans le rôle de l'agent 47.
Le 26 décembre
• Les «Actrices», on peut en rire, y compris dans l'autodérision. C'est ce que fait Valeria Bruni-Tedeschi dans son deuxième film, cosigné avec une autre actrice-réalisatrice, Noémie Lovsky. La comédie douce-amère, prix spécial du jury Un certain regard au festival de Cannes, a une belle affiche sur laquelle on retrouve Mathieu Amalric et Louis Garrel.
• Pour sa première réalisation, l'acteur et scénariste Ben Affleck a choisi d'adapter un roman noir de Denis Lehane (l'auteur, entre autres de « Mystic River »). Dans «Gone, baby gone», le détective Patrick Kenzie est incarné par Casey Affleck (le frère de Ben) et sa co-équipière Angie Gennaro, par Michelle Monaghan, et les deux enquêtent sur l'enlèvement d'une enfant dans un Boston très sombre.
• «L'Amour au temps du choléra» est l'un des grands romans de l'écrivain colombien Gabriel Garcia Márquez. Racontant l'amour impossible entre un petit télégraphiste devenu riche armateur (Javier Bardem) et une femme de la haute société (Giovanna Mezzogiorno), il est adapté par Mike Newell (« Donnie Brasko » et « Harry Potter et la coupe de feu »).
• Destiné surtout aux ados et adulescents amateurs d'horreur, «Eden Log», de Franck Vestiel, mêle visions mangas et codes de jeu de rôle pour entraîner le spectateur dans un monde parallèle dans lequel Clovis Cornillac est poursuivi par une mystérieuse créature.
• Pour frissonner, on peut aussi retrouver Sarah Michelle Gellar (« Buffy contre les vampires ») dans «The Return», d'Asif Kapadia. Elle y incarne une jeune femme hantée par la vision d'un assassinat.
Le 2 janvier
• Pour commencer l'année par une révolte, celle de Ken Loach, qui ne désarme pas, contre l'économie mondialisée et la flexibilité du travail qu'elle entraîne aux dépens des plus faibles. Dans «It's a Free World», une mère célibataire qui vient d'être licenciée décide de fonder à Londres une agence d'interim et elle va exploiter sans scrupules de malheureux immigrés.
• Et aussi, sur le triste état de notre monde, «California Dreamin'», du Roumain Cristian Nemescu, mort accidentellement à 37 ans avant même d'avoir mis la dernière main à son film, prix Un Certain Regard à Cannes. L'histoire, inspirée de faits réels, pendant la guerre du Kosovo en 1999, d'un train qui transporte un système radar et qui aurait dû traverser la Roumanie en vingt-quatre heures et arriver à la frontière avec la Serbie pour contribuer au succès des opérations de l'OTAN, sauf que le train est immobilisé à la frontière durant cinq jours.
• Maria Bello et Gerard Butler sont les malheureux parents d'une enfant qu'un homme joué par Pierce Brosnan affirme avoir enlevée. «Le Chantage» est un thriller à suspense signé Mike Barker d'après un scénario de William Morrissey.
• Désireux de construire, comme dans « Delicatessen » et « la Cité des enfants perdus », un «univers complet et cohérent», Marc Caro a imaginé «Dante 01», une prison spatiale dans laquelle six dangereux criminels servent de cobayes à d'obscures expériences. Jusqu'à ce que la résistance s'organise. Avec Lambert Wilson, Lin Dan Pham, Dominique Pinon.
• Et encore «Aliens vs Predator: Requiem», réalisé par Greg et Colin Strause, grands spécialistes des effets spéciaux qui ont voulu rendre le combat des deux terribles créatures encore plus terrifant et plus gore que dans les précédents films des deux séries (quatre pour Alien, deux pour Predator) et que le premier « Aliens vs Predator ».
> RENÉE CARTON
Le Delluc pour « la Graine et le mulet »
C'est le jour même de la sortie du film que lui a été décerné le prix Louis-Delluc, surnommé «le Goncourt du cinéma». «j'ai été très ému et enthousiasmé par ce film. Abdellatif Kechiche était déjà très talentueux et avec “la Graine et le mulet” il s'est installé à un niveau où il compte dans le paysage cinématographique français, a déclaré le président du jury Gilles Jacob. Son cinéma repose sur une certaine qualité d'émotion, une attention aux gens, il fonctionne sur le même principe que celui de Pialat: il saisit la vie à l'instant où elle est vraie.»
On ne saurait mieux dire. Chaleureuse évocation, en près de deux heures trente, des efforts d'un vieil immigré, licencié des chantiers navals de Sète, pour monter un restaurant de couscous de poisson, avec l'aide des membres hauts en couleur de ses deux familles, « la Graine et le mulet » avait déjà été couronné à Venise par le prix spécial du jury.
Pour le prix du premier film, le jury a récompensé, avec justesse, « Naissance des pieuvres », de Céline Sciamma, et « Tout est pardonné », de Mia Hansen-Love.
Et toujours
Si de nombreux films intéressants ont dû céder la place aux productions familiales des fêtes, il reste encore de quoi satisfaire des exigences de cinéphile. Par exemple, le déconcertant et très intelligent film de Todd Haynes inspiré par les vies de Bob Dylan, « I'am not there ». Attention, une connaissance minimale de la biographie et de l'oeuvre du chanteur-poète est nécessaire. Trois solides films noirs américains sont recommandables : « American Gangster », de Ridley Scott, s'inspire de personnages réels pour évoquer l'ascension et la chute d'un parrain noir dans les années 1970 et nous offre un impeccable duo Denzel Washington-Russel Crowe ; « la Nuit nous appartient », de James Gray, est un drame familial et shakespearien autour de l'affrontement de la police et de la mafia russe à New York dans les années 1970, avec Joaquin Phoenix, Mark Wahlberg ; « les Promesses de l'ombre », de David Cronenberg, évoque également la mafia russe avec une violence spectaculaire mais maîtrisée et un impressionnant Viggo Mortensen.
Côté francophone, « la Graine et le mulet », d'Abdellatif Kechiche, est à savourer sans modération. On peut aussi apprécier le délicat « Un baiser s'il vous plaît », d'Emmanuel Mouret. Et « Cowboy », du Belge Benoît Mariage avec Benoît Poelvoorde, explore le cynisme de notre société avec justesse et une dérision bienvenue.
Enfin, on ne saurait trop conseiller « De l'autre côté », le beau film germano-turc de Fatih Akin qui dit beaucoup de choses sur le déracinement, l'engagement, l'amour...
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