Dans la collection Consulter/Prescrire

« Suicide de l'adolescent » : un ouvrage pratique et utile pour les généralistes

Publié le 22/05/2001
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REFERENCE


• Marie-Cécile, 15 ans

Marie-Cécile avale une plaquette de somnifères.
C'était une fille sans histoire, bonne élève, bonne camarade, sportive et jouant du violoncelle. Après la classe de 3e, on l'a mise dans un « excellent lycée ». Mais la compétition est rude. Marie-Cécile passe alors tout son temps à travailler, abandonnant musique et sport. Les résultats ne sont pas à la hauteur. Marie-Cécile doute, travaille davantage, ne voit plus ses amies, n'a plus le temps de passer à table. Elle se trouve nulle, idiote, pense qu'elle fait honte à ses parents, qu'elle ne mérite pas leur affection, qu'elle n'intéresse personne... Elle dort de moins en moins. Un somnifère lui est prescrit. Après une mauvaise note qu'elle juge catastrophique, elle prend toute la plaquette.
Le tableau était celui d'une dépression évoluant depuis plusieurs mois.
•  Pamela, 14 ans
Après une fugue de quelques heures, Pamela revient chez elle. Suit une courte dispute avec sa mère qui lui reproche son absentéisme scolaire et sa façon de s'habiller « comme une p... ». Pamela subtilise une boîte d'anxiolytiques et quelques bouteilles de bière. Sa mère la découvre inconsciente dans sa chambre ; la boîte de médicaments et les bouteilles de bière sont vides.
•  Marina, 17 ans
Pour la quatrième fois, après une dispute avec sa mère pour un motif futile (achat d'un pantalon refusé), Marina tente de se suicider (antidépresseurs, whisky et benzodiazépines).
•  Sylvain
Sylvain est trouvé errant sur la voie du métro, attendant la prochaine rame pour s'y précipiter. Il se débat, essaie de s'enfuir, dit qu'il est un rat.
•  Katia, 17 ans
Après avoir avalé un flacon de sédatifs avec quelques verres de bière, Katia raconte son calvaire. D'abord anorexique, elle est devenue boulimique. Elle est envahie nuit et jour par des préoccupations alimentaires. Son dégoût d'elle-même est de plus en plus intense. Elle a l'impression d'être dans une spirale infernale dont elle ne sortira jamais.
•  Ophélie, 13 ans
Ophélie avale une plaquette de somnifères. Depuis l'âge de 8 ans, elle a des difficultés relationnelles avec ses camarades de classe. Elle a l'impression d'être rejetée. Elle pense que les autres se moquent d'elle avec son prénom de « star » qui contraste avec son « grand nez ».
•  Vanessa, 14 ans
Vanessa en est à sa troisième tentative de suicide.
Depuis qu'elle a 12 ans, elle sort avec des garçons et des filles plus âgés qu'elle ; un jeune homme de 25 ans lui a imposé une relation sado-masochiste. Elle n'a pas trouvé d'autre issue que le suicide.
• Inès, 13 ans et demi
Un lundi matin, dans un collège. Un coup de feu retentit du côté des toilettes des filles. On découvre Inès gisante, une arme dans la main droite, une plaie dans le thorax.
• Marina
Marina suit mal en classe de 3e. Un jour, son professeur l'humilie devant toute la classe. Elle rentre chez elle et saute du 4e étage.
• Magali, 12 ans
Pendant que ses parents sont partis se promener avec la petite sœur, Magali saute du 5e étage. Elle a laissé une lettre sur la table de la salle à manger : « Le moment est venu de me tuer. Je vous aime tous ; je me suis tuée pour ne plus que je vous fasse d'embêtements.
« Maman, tu m'as dit d'apprendre les pronoms personnels. J'ai pris une phrase, je l'ai répétée cinq fois dans ma tête et j'ai fait pareil pour les autres, après j'ai voulu les réciter : JE NE SAVAIS PLUS RIEN.(...) ».
•  Ne pas nier l'aspect suicidaire
« Le médecin a le devoir de ne pas nier (ou dénier) l'aspect suicidaire du geste suicidaire », explique le Dr Marie-France Le Heuzey :
- un jeune de 13 ou 15 ans ne tombe pas par hasard ou par accident d'une fenêtre ;
- un jeune qui prend six ou dix comprimés de somnifères ne s'est pas trompé dans la dose ou n'a pas confondu ces substances avec des vitamines ;
- un jeune qui essaie de se pendre ne le fait pas pour jouer après avoir regardé un western ;
- un jeune ne se met pas en danger juste pour embêter son entourage ;
- un jeune qui se taillade superficiellement les poignets ne joue pas la comédie (inutile d'attendre que les tendons soient sectionnés).
•  Prévention secondaire
La prévention secondaire est possible. Elle repose sur la prise en charge médico-psychiatrique de toutes les tentatives de suicide, d'abord hospitalière puis en ambulatoire, relayée et encouragée par le médecin traitant (traitement des affections révélées par la tentative de suicide et action sur les facteurs de risque).
•  Prévention primaire
- Repérage des sujets à risque avant le passage à l'acte (diagnostic de dépression, par exemple).
- Intervention sur les facteurs de risque comme les consommations de substances.
- Soutien psychologique dans les maladies chroniques.
• Les parents
Les parents ne doivent pas laisser traîner les médicaments et éviter d'avoir des armes à feu en état de fonctionnement et accessibles.
Ils doivent accepter de collaborer aux traitements nécessaires pour les troubles psychopathologiques de leur enfant.
Ils doivent veiller au maintien d'une bonne qualité de communication et de dialogue au sein de la famille.

« Suicide de l'adolescent », par Marie-France Le Heuzey. Une coédition « Le Quotidien »-Masson. Ouvrage disponible en librairie ou auprès des Editions Masson au 01.40.46.62.20.

D'autres ouvrages ans la même collection

« Suicide de l'adolescent » est le cinquième ouvrage de la collection Consulter/Prescrire. Rappelons les ouvrages déjà parus :
- « Détecter les maladies systémiques auto-immunes », par Eric Hachulla et Pierre-Yves Hatron ;
- « les Hépatites virales », par le Dr Claude Eugène ;
- « Soulager le mal de dos », par le Dr Jean-Yves Maigne ;
- « la Consultation en gériatrie », par le Dr Laurence Hugonot-Diener.

Ouvrages disponibles en librairie ou auprès des Editions Masson.

Dr P. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6923