L’histoire de cette conception et de cette naissance est racontée au « Quotidien » par le Dr Guy Kerbrat (gynécologue-obstétricien, hôpital de Parly II, Le Chesnay) qui a mis Victoria au monde. « Ces sœurs jumelles sont toutes deux mosaïques pour le syndrome de Turner. La donneuse porteuse de 15 % de cellules anormales a conçu et mis au monde, de façon tout à fait naturelle, deux enfants, alors que sa sœur porte 25 % de cellules anormales, n’a pas d’ovaires et est en aménorrhée primaire. » Elle avait tenté des dons d’ovocytes, à l’étranger, qui s’étaient soldés par des échecs. Ayant eu connaissance des succès du Pr Jacques Donnez à Louvain (Belgique) dans les greffes d’ovaires, elle a pris contact avec ce gynécologue. Le médecin belge a accepté de tenter une transplantation entre les deux sœurs (interdite en France).
De retour en France, la patiente a lancé une procédure de demande de fécondation in vitro. Au cours de cette période d’attente, alors qu’elle avait 38 ans, est survenue spontanément la grossesse.
C’est à 20 semaines d’aménorrhée que la patiente, alors inconnue du service, est prise en charge par le Dr Kerbrat pour surveillance et accouchement. « Elle nous a été adressée en raison de la pluridisciplinarité de notre centre hospitalier. Il s’agit de grossesses à haut risque, notamment en raison de possible dissection aortique. Nous bénéficions à Parly II de services de maternité, de chirurgie et de cardiologie. »
« Même si l’accouchement semblait possible par voie basse nous avons préféré recourir à la césarienne par sécurité. Une équipe de chirurgie cardiaque était prête à intervenir en cas de nécessité. Mon étonnement a été grand au cours de l’intervention de découvrir un greffon sous-péritonisé, recouvert d’adhérences. » Le Dr Kerbrat en est encore à se demander comment un ovule a pu être expulsé et franchir de tels obstacles avant d’être fécondé.
Le caryotype de Victoria, la bien nommée, montre qu’elle est indemne de maladie de Turner.
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