EN OCTOBRE 2004, une adolescente du Wisconsin contractait la rage après avoir été mordue par une chauve-souris. Bien qu'aucun traitement prophylactique ne lui ait été administré à la suite de cette morsure, la jeune fille a survécu. Sa guérison est attribuée à un traitement inédit mis au point par une équipe du Medical College du Wisconsin.
La seule protection contre la rage dont l'efficacité est indiscutable reste la vaccination. Le vaccin doit être réalisé le plus tôt possible après l'exposition, avant l'apparition des symptômes. Mais, jugeant sa blessure peu inquiétante, la jeune patiente miraculée n'avait pas consulté après sa morsure. En conséquence, elle n'avait pas reçu le vaccin contre la rage. Un mois plus tard, elle a présenté les premiers symptômes de la rage.
Coma thérapeutique, amantadine et ribavirine.
Face à ce cas qui, normalement, aurait dû être fatal, les médecins ont tenté un traitement expérimental totalement inédit : l'équipe a décidé de placer la patiente en coma thérapeutique de manière à protéger son cerveau pendant que la réponse naturelle du système immunitaire se développait et éliminait le virus. Deux antiviraux ont également été administrés : l'amantadine, en raison de son activité antirabique in vitro et de son activité antiexcitotoxique, et la ribavirine, en raison de son effet protection contre la myocardite rabique.
Au huitième jour de traitement, la ponction lombaire a montré un taux accru d'anticorps antirabiques et la sédation a été progressivement réduite. La paralysie et la dénervation sensitive ont rétrocédé petit à petit, et la patiente a été extubée au vingt-septième jour. Après onze semaines d'hospitalisation, l'adolescente est rentrée chez elle. Cinq mois après son admission, elle était alerte et gaie, et retournait à l'école à mi-temps. Elle a cependant conservé quelques séquelles, comme des troubles de l'élocution, de la coordination des mouvements et une démarche instable.
« Puisque nous ne savons pas exactement pourquoi la majorité des patients meurent de la rage, il est difficile de spéculer sur les raisons de la survie de cette patiente », a commenté le Dr Alan Jackson (Queen's University à Kingston, Canada) dans un éditorial qui accompagnait l'article présentant ce cas unique. Certains scientifiques, sceptiques, suggèrent même que la jeune fille pourrait avoir survécu simplement parce qu'elle a été infectée par un virus dont la pathogénicité était atténuée.
Willoughby et coll. « N Engl J Med » du 16 juin 2005, vol. 352, pp. 2508-2514.
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