Au musée d'Orsay, à Paris

Strindberg : des mots à la toile

Publié le 24/01/2002

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La pratique de la peinture par celui dont ce n'est pas le mode d'expression officiel est toujours une découverte. Elle permet de mieux comprendre le mécanisme de sa pensée, de sa sensibilité et constitue une ouverture nouvelle sur son uvre écrite. En saura-t-on plus sur Strindberg dramaturge universellement connu et fêté, en découvrant son uvre de peintre ?

Elle s'articule sur plusieurs périodes où l'écrivain s'y adonne avec plus de constance et dans une progressive aisance, comme si, cherchant un nouveau langage, il s'enhardissait peu à peu pour en mieux faire résonner les forces.
Balbutiant en ses débuts (1872-1874), il aborde à la fin du siècle (dans les années 1890) une manière d'une grande audace, où l'on peut voir les ferments de ce que sera l'expressionnisme, tant dans la touche vive, violente, que dans la couleur, travaillée dans sa matière même.
Le thème de l'océan y est récurrent, non qu'il ambitionne d'en donner une représentation réaliste et fidèle, mais s'en servant pour véhiculer les élans profonds de sa sensibilité écorchée. Il pratique déjà ce type de peinture où l'artiste se confond avec son uvre. Non à la manière orientale qui est placée sous le signe de la sérénité, mais dans cet élan ravageur, total, qui fera les beaux jours de l'abstraction lyrique, du tachisme, d'une peinture qui traduit l'âme et les sens plus qu'un regard sur la réalité. Identiquement, il se sert de la photographie pour saisir « le plus intime du vrai ». Une double et passionnante découverte.

« Strindberg, peintre et photographe », musée d'Orsay, jusqu'au 27 janvier, tous les jours sauf le lundi de 10 h à 18 h, le jeudi de 10 h à 21 h 45, le dimanche de 9 h à 18 h. Entrée 45 F (avec entrée au musée).

J.-J. L.