EN AVRIL 1889, Oscar Minkowski et Joseph von Mering, alors jeunes médecins à Strasbourg, y découvrent presque par hasard l’origine pancréatique du diabète. Apposée à l’emplacement de leur laboratoire, une plaque rappelle que cette découverte est à l’origine de la diabétologie moderne.
Professeur de clinique médicale aujourd’hui retraité, Jean-Marie Brogard se passionne depuis des années pour les travaux de ses lointains prédécesseurs. La découverte de Minkowski et von Mering est un événement majeur, mais trop peu de médecins, y compris à Strasbourg, savent qu’elle a eu lieu dans cette ville : il était temps de réparer cet oubli.
Annexée par l’Empire allemand de 1871 à 1918, Strasbourg accueillait une faculté de médecine de très haut niveau, animée notamment par deux des plus grands internistes de leur temps, Adolf Kussmaul et Bernhard Naunyn. Arrivés à Strasbourg dans leur sillage, Minkowski et von Mering se côtoient à la clinique médicale et au laboratoire de la faculté. En avril 1889, Minkowski effectue l’ablation du pancréas d’un chien, à la demande de von Mering. Le chien survit plusieurs jours, mais se met à uriner en permanence, ce qui surprend les médecins. Analysant cette urine, ils y découvrent une très forte glycosurie. Intrigués, ils multiplient les pancréatectomies chez d’autres chiens, et parviennent au même résultat : l’ablation du pancréas est bien le facteur déclenchant du diabète.
Leur découverte fait sensation, mais il faudra encore plus de trente ans avant que les Canadiens Banting et Best ne découvrent l’insuline, ouvrant enfin l’ère thérapeutique de la diabétologie.
Minkowski quitte Strasbourg pour Cologne en 1900 et est cité à plusieurs reprises pour le prix Nobel, mais il ne l’obtiendra jamais. Comme de nombreux Juifs allemands, sa famille émigre aux Etats-Unis lors de l’avènement du nazisme. Le petit-fils de Minkowski, ingénieur à la retraite, a fait spécialement le voyage de Californie pour commémorer, avec les médecins strasbourgeois, les travaux de son grand-père.
La plaque, conçue et posée à l’initiative du Pr Brogard, se trouve sur la façade de la chapelle du Diaconat, construite en 1904 à l’emplacement du laboratoire de la clinique.
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