C'est la première étude montrant que la metformine, en améliorant la sensibilité à l'insuline, réduit les transaminases et le volume hépatique de patients souffrant d'une stéatose hépatique non alcoolique. Ce traitement est plus efficace que la prise en charge nutritionnelle, qui produit seulement une réduction du poids et une diminution du volume hépatique. Les auteurs de l'article du « Lancet » soulignent l'intérêt que pourrait présenter une étude randomisée et contrôlée sur un plus grand nombre de patients.
Il n'existe pas de traitement de la stéatose hépatique non alcoolique, maladie susceptible de progresser vers la fibrose, la cirrhose et éventuellement l'insuffisance hépatique terminale ou le carcinome hépatocellulaire. Le régime alimentaire restrictif visant à une diminution pondérale demeure à l'heure actuelle la seule stratégie qui a montré quelque efficacité chez les patients obèses. Mais il n'est pas réalisable chez les sujets normopondéraux. La stéatose hépatique est associée à une insulinorésistance, à une altération de la tolérance au glucose ou à un diabète, même chez les patients non obèses. Certains auteurs ont suggéré que l'infiltration lipidique hépatique pourrait être due à un accroissement de la lipolyse associée à une résistance hépatique à l'insuline. Or la metformine améliore la sensibilité hépatique à l'insuline (par un mécanisme qui reste incomplètement compris toutefois).
C'est pourquoi Giulio Marchesini et coll. (Bologne, Italie) ont eu l'idée de mettre le produit à l'essai dans cette indication. Ils ont étudié 20 patients consécutifs, dont 6 ont constitué un groupe témoin. Ont été exclus les sujets présentant un diabète (glycémie à jeun supérieure à 7 mmol/l ou glycémie à deux heures supérieure à 11 mol/l lors d'un test oral de tolérance au glucose) ou une obésité sévère (indice de masse corporelle supérieur à 35 kg/m2).
500 mg trois fois par jour pendant 4 mois
Tous les patients ont eu des conseils de limitation des prises de sucres simples et de lipides, et on leur a demandé d'augmenter leur activité physique (sans les assigner à un programme précis). Ils ont reçu de la metformine à la dose de 500 mg trois fois par jour pendant 4 mois. La glycémie, l'insulinémie et les transaminases ont été mesurées mensuellement. On n'a pas jugé opportun de réaliser des biopsies hépatiques parce que les patients présentaient une maladie débutante et qu'ils participaient à un essai pilote.
Dans les deux groupes, on constate une diminution du poids : diminution de l'IMC de 1 ou 2 points et diminution du tour de taille en moyenne de 4 cm. Les concentrations moyennes de transaminases ont progressivement diminué, jusqu'à 50 %à 4 mois chez les patients sous metformine, mais seulement de 14 % chez les patients contrôle sous régime seul. A la fin de l'étude, les transaminases s'étaient normalisées chez 7 patients de l'étude et chez un seul du groupe contrôle. La sensibilité à l'insuline a augmenté significativement dans le groupe traité, tout en restant au-dessus de la normalité chez les contrôles. L'acide lactique était à des valeurs normales dans les deux groupes et s'est accru de 30 % dans celui sous traitement actif. Le foie était augmenté de volume chez tous les participants à l'entrée dans l'essai. Il a diminué en moyenne de 20 % sous metformine et de moins de 10 % sous l'effet du seul régime.
Chez deux patients, on constate un retour à des valeurs élevées des transaminases dans les trois mois qui ont suivi l'arrêt de la metformine, alors qu'elles avaient été efficacement réduites par ce traitement (de 152 u/l et 87 u/l à 52 u/l et 31 u/l, respectivement, après 4 mois).
Les auteurs constatent une bonne tolérance de la metformine. Les arrêts dus aux symptômes gastro-intestinaux ne sont plus survenus dès lors que la dose a été donnée par gradations progressives. Et l'acidose lactique, qui peut éventuellement survenir chez les personnes ayant des maladies hépatiques, n'est pas observée lorsque les fonctions hépatiques de synthèse sont préservées.
« The Lancet », vol. 358, 15 septembre 2001, pp. 893-894.
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