De notre correspondante
à New York
Le staphylocoque doré est une cause majeure d'infections acquises à l'hôpital et en ville, avec une mortalité estimée entre 10 et 25 %, due aux complications. L'infection peut se limiter à une bactériémie ou à l'infection d'une plaie. Elle peut aussi disséminer et donner des abcès métastatiques, arthrites septiques, endocardites et ostéomyélites. Particulièrement à risque sont les patients qui subissent une chirurgie majeure, les polytraumatisés, les brûlés, les nouveau-nés et tous les immunodéprimés par maladie chronique, médicaments ou radiothérapie. Les hémodialysés sont particulièrement touchés, avec un risque annuel d'infection de 3 à 4 %.
Avec l'émergence de multirésistances aux antibiotiques, dont maintenant à la vancomycine, antibiotique de l'ultime recours, de nombreux experts pensent qu'une immunoprophylaxie contre le staphylocoque doré pourrait offrir la meilleure solution à long terme.
Shinefield (Kaiser Permanente Vaccine Study Center, Oakland) et coll. publient les résultats encourageants de l'essai de phase III d'un vaccin conjugué bivalent, appelé StaphVAX et développé par la compagnie pharmaceutique Nabi (Rockville, MD).
Souches type 5 et type 8 de la bactérie
Un précédent vaccin monovalent ne s'était pas montré efficace. StaphVAX est bivalent : il contient les deux polysaccharides capsulaires des souches de type 5 et de type 8 de la bactérie, qui représentent 85 % des souches S. aureus isolées en clinique. Pour accroître leur immunogénicité, les deux polysaccharides capsulaires sont conjugués à une protéine porteuse, une version recombinante non toxique de l'exotoxine A de Pseudomonas aeruginosa.
Entre 1998 et 1999, 1 804 patients en insuffisance rénale terminale hémodialysés dans 73 centres californiens ont été randomisés pour recevoir soit une injection de StaphVax, soit un placebo. L'étude a évalué, en double insu, l'immunogénicité et l'efficacité du vaccin jusqu'à 54 semaines. Résultat, le vaccin déclenche une montée significative d'anticorps chez 75 à 80 % des patients.
Entre la 3e et la 40e semaine après la vaccination, une bactériémie à S. aureus est survenue chez 11 des 892 patients vaccinés et chez 26 des 906 témoins, ce qui donne une réduction de 57 % de l'incidence de l'infection. Toutefois, à partir du 10e mois, la protection partielle baisse, avec une réduction des infections de 23 %, qui n'est plus significative, parallèlement à la chute des anticorps spécifiques.
Puisque les anticorps baissent rapidement chez les patients hémodialysés, des injections de rappel pourraient peut-être restimuler les anticorps, pensent les investigateurs. Ils évaluent cette possibilité.
Intervention chirurgicale à risque infectieux
Ce vaccin, selon eux, devrait offrir une protection au moins aussi bonne, sinon meilleure, chez des patients non immunocompromis qui vont subir une intervention chirurgicale à risque infectieux. En effet, les patients hémodialysés sont immunocompromis et moins susceptibles de répondre à la vaccination.
Le groupe pharmaceutique Nabi projette de conduire une autre étude de phase III pour confirmer ces résultats chez les patients hémodialysés. Il développe aussi une seconde génération du vaccin, trivalent, afin de protéger aussi contre les souches de type 336, la troisième souche la plus courante de S. aureus.
« New England Journal of Medicine », 14 fevrier 2002, p. 491.
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