Lors d'une conférence sur le SRAS qui s'est tenue le 14 octobre 2003 à Guangzhou, des chercheurs chinois ont annoncé les résultats d'une étude sérologique rétrospective sur 38 patients atteints de SRAS vivant dans la région de Pékin.
Dans cette ville, le premier cas recensé était celui d'une jeune femme travaillant dans le commerce des bijoux et qui avait séjourné à Canton au mois de février 2003. Cette patiente a été hospitalisée, de même que ses parents, qui sont tous deux décédés de la maladie. L'équipe du Dr Duan Quin a procédé à une analyse des prélèvements pharyngés de cette jeune femme et de sa mère. A l'examen en microscopie électronique, ils ont retrouvé des réovirus, probablement des orthoréovirus de type 1, 2 ou 3, virus qui infectent les mammifères.
L'analyse sérologique de 38 patients hospitalisés à Pékin a permis de retrouver des anticorps antiréovirus dans 24 cas, alors que dans un groupe contrôle constitué de 35 sujets sains, un seul prélèvement s'est révélé positif.
Les auteurs avancent que la présence conjointe des deux virus pourrait être une condition au développement du SRAS. Ils soulignent que, chez les souris, l'infection expérimentale par des réovirus peut conduire à un décès par pneumopathie atypique.
Des virus ubiquitaires
Pour les spécialistes de la Société internationale des maladies Infectieuses, « la signification de cette découverte reste difficile à établir. Il est néanmoins concevable que l'expression clinique du SRAS nécessite la présence d'un ou de plusieurs cofacteurs, infectieux ou non ». Déjà, au mois d'avril 2003, une coïnfection par coronavirus et métapneumovirus avait été suggérée par des analyses préliminaires, mais cette information n'avait pas été confirmée par la suite. L'une des questions que soulèvent les infectiologues tient au fait que les orthoréovirus sont des virus ubiquitaires dans la population normale de la même façon que les métapneumovirus, mais qu'ils n'ont été retrouvés que chez 24 des 38 patients testés et chez un seul témoin. En tout état de cause, il reste toujours impossible d'affirmer si le SRAS correspond à une coïnfection ou est liée à une infection par le seul coronavirus.
Le 17 septembre, le CDC d'Atlanta a par ailleurs publié les résultats d'une étude menée en Chine le 4 mai 2003 sur des marchands de bétail sauvage travaillant dans trois marchés distincts de la région de Canton. Les chercheurs ont procédé à une analyse sérologique afin de détecter une éventuelle présence d'IgG anticoronavirus à l'origine du SRAS. Les tests ont été pratiqués sur 508 négociants et des IgG ont été retrouvés chez 13 % d'entre eux, contre 2,9 % dans un groupe de personnes travaillant dans des établissement de santé et 1,2 % dans la population générale. Le taux de séropositivité s'est révélé variable selon le type de bétail commercialisé : des anticorps étaient présents chez 72,7 % des vendeurs de civettes, 57,1 % de ceux qui vendent des sangliers sauvages, 56,3 % des marchands de cerfs forestiers et 18 % des commerçants en chat sauvage.
« Chinese Science Bulletin », vol. 48, n° 13 pp. 1293-1296 et MMVR du 17 octobre 2003.
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