Depuis que les chercheurs du CDC d'Atlanta a annoncé, le 24 mars, l'identification d'un coronavirus inconnu dans des prélèvements bronchiques de sujets atteints de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), plusieurs autres laboratoires confirment cette découverte. Chez deux patients - l'un taïwanais, l'autre venant de Hong Kong -, le virus a été identifié en microscopie électronique. Cette identification a ensuite été corroborée par immunocoloration, recherche indirecte des anticorps par immunofluorescence, PCR et séquençage d'un segment de gène de la polymérase. Des tests d'immunofluorescence et de PCR pratiqués chez des sujets testés négativement initialement ont permis de confirmer la présence du virus chez six autres patients. L'analyse séquentielle du génome viral indique que le virus est différent des deux coronavirus connus jusqu'à présent.
L'OMS signale que « les efforts entrepris pour la mise au point d'un test diagnostique fiable et facile d'utilisation chez les sujets suspects semblent porter leurs fruits. L'université de Hong Kong teste un outil diagnostique moléculaire utilisant la technique de PCR ». Les chercheurs de cette ville ont aussi élaboré un test par immunofluorescence et différents laboratoires à travers le monde sont mobilisés pour valider cette deuxième méthode diagnostique. Le premier des deux tests serait utile pour détecter les malades dès les premiers jours d'infection, alors que le second serait plutôt réservé à la confirmation du diagnostic trois semaines après le début des symptômes.
La Chine
Après avoir longtemps affirmé qu'il n'existait pas de lien entre les cas de pneumopathie survenus dans la province de Canton (Guandong) en fin d'année 2002 et au début 2003, les autorités chinoises reconnaissent que 806 personnes auraient été atteintes par le SRAS et que 34 en seraient mortes entre le 1er février et le 27 mars 2003. Il s'agit du pays le plus atteint à ce jour : à Hong Kong, on dénombrait à cette date 367 malades et à Singapour, 78.
Les voyages
Le premier cas d'infection aéronautique par le virus du SRAS a été rapporté par l'OMS. Le département de la santé de Hong Kong avait déjà fait état de cas probables chez des sujets ayant voyagé dans un même avion dès le 25 mars. L'OMS a recommandé le 27 mars la mise en place de contrôles sanitaires dans les pays atteints (Chine, Hong Kong, Vietnam, Singapour, Taïwan et Toronto, au Canada). Les voyageurs embarquant dans ces pays doivent subir un interrogatoire afin de vérifier s'ils présentent des symptômes de la maladie tels que toux, fièvre ou difficultés respiratoire ou s'ils ont été en contact avec des sujets atteints de SRAS.
L'OMS précise que « les voisins d'une personne atteinte de symptômes suspects, jusqu'à deux rangs devant et derrière elle, ainsi que les stewards et les hôtesses peuvent être exposés ». Si un tel cas est signalé en vol, le passager devra être isolé ou porter un masque.
Afin d'éviter que ne se reproduise le cas du cardiologue français qui a voyagé sur des lignes aériennes régulières, un rapatriement des personnes ayant travaillé pour l'hôpital franco-vietnamien et soignées à Hanoi était prévu pour le 30 mars.
Près d'un médecin sur quatre n'est pas inquiet
Le Réseau santé social (RSS), en partenariat avec l'IFOP, a proposé aux médecins utilisateurs du réseau un sondage sur l'épidémie de SRAS le 21 mars 2003. Sur les 528 médecins participants, seulement 0,19 % d'entre eux n'ont jamais entendu parler du SRAS. Ils trouvent leur information en majorité dans les médias (71,48 %) et plus de la moitié considèrent que cette épidémie ne les inquiète pas personnellement. Seulement 7,2 % des médecins estiment que les autorités médicales n'ont pas pris des mesure adéquates. La moitié des médecins signale qu'aucun patient ne les a interrogés sur la maladie. Enfin, près de 80 % des praticiens indiquent qu'ils lisent la presse avec une attention plus soutenue afin de s'informer sur les développements de l'épidémie.
Article publié dans "Le Quotidien du Médecin" du 31/03/2003
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