Une étude rétrospective dans cinq établissements de Hong Kong a évalué l'intérêt des mesures de protection employées pour limiter la transmission du virus du SRAS. Ont été évaluées les mesures prises par 13 soignants infectés et 241 témoins, auxquels on a demandé de préciser s'ils avaient utilisé des masques, des sur-blouses ou sarraus, des gants et s'ils s'étaient lavé les mains de façon systématique après avoir été en contact avec l'un des patients index retenus pour l'étude.
Les investigateurs (W. Seto et coll.) ne se sont intéressés qu'à des soignants qui avaient été pris en charge des personnes infectées par l'un des sujets ayant séjourné à l'hôtel Métropole (où les premiers cas ont été signalés). L'un des hôpitaux a été exclu de l'étude car au moins un patient atteint de SRAS y avait été traité par ribavirine sous forme d'aérosol, ce qui aurait pu contribuer à diffuser dans l'air ambiant des particules virales à l'origine d'infections secondaires.
« Aucune des 69 personnes qui avaient pris toutes les mesures de précaution n'a été contaminée. Alors que toutes les personnes infectées (6 infirmières, 2 médecins, 4 aides-soignants et un membre du personnel technique) avaient omis d'appliquer au moins une de ces mesures », indiquent les auteurs. Deux des personnes contaminées avaient utilisé des masques de protection en papier, ce qui semble confirmer le peu d'intérêt de ce type de protection par rapport aux masques chirurgicaux et aux masques type N95.
Le port de sur-blouse, de gants et le lavage de mains est associé avec une moindre contamination, mais ces notions ne sont pas significatives d'un point de vue épidémiologique. En revanche, le port du masque chirurgical ou N95 est protecteur significativement (p = 0,0001). Pour les auteurs, « ces résultats suggèrent que l'utilisation des quatre grandes mesures de précautions permet de protéger efficacement le personnel soignant dans des circonstance où aucunes particules aérosol contenant du virus n'est induite par l'utilisation de nébulisateurs. En outre, le fait que les masques - à l'exception de ceux en papier - permettent de protéger contre la transmission virale suggère que la voie aérienne est l'un des modes majeur de transmission ».
Formes atypiques et mécanisme immunologique
Dans une lettre à la Société internationale des maladies infectieuses, - publication prochaine dans le « Lancet » -, J. Peiris fait état d'une étude prospective sur le suivi de 75 patients traités par ribavirine et corticoïdes pendant trois semaines. Si la fièvre et les signes pulmonaires semblent répondre rapidement, 85,3 % présentent des accès thermiques secondaires en moyenne neuf jours après la mise en place du traitement, des diarrhées (73,3 % après 7,5 jours) ; une détérioration radiologique (80 % après 7,4 jours) et une détérioration des fonctions respiratoires (43 %). Chez près de la moitié, l'amélioration radiologique initiale est suivie de l'apparition de nouvelles lésions. Enfin, 20 % présentent une détresse respiratoire aiguë durant la troisième semaine.
La PCR des prélèvements naso-pharyngés montre, chez 14 patients (dont 4 formes sévères), un pic d'excrétion virale au dixième jour et une baisse des l'excrétion après quinze jours d'évolution. Trois semaines après le début de la symptomatologie, il persiste de l'ARN viral dans 47 % des sécrétions naso-pharyngées et dans 66,7 % des prélèvements de selles.
En outre, les auteurs signalent que la coïnfection par le virus de l'hépatite B et l'âge sont des facteurs indépendants d'évolution sévère de la maladie. Pour Peiris, « le profil en V inversé de l'excrétion virale et la progression clinique et radiologique de la maladie au cours de la deuxième semaine d'évolution suggèrent que la symptomatologie clinique pourrait être plus en rapport avec des processus immunologiques qu'avec la multiplication virale non contrôlée ».
Par ailleurs, dans le « Lancet » du 3 mai 2003, le Dr E. Wu signale son propre cas atypique : après une première phase d'évolution fébrile de la pneumopathie, il a présenté des signes biologiques de CIVD accompagné d'une majoration des images à la radiographie et au scanner thoraciques.
Ajoutons que des rechutes ont été signalées chez 12 patients qui avaient rejoint leur domicile après avoir été déclarés guéris par les médecins de Hong Kong. Pour les experts de la Société internationale des maladies infectieuses, « il est difficile de déterminer si ces rechutes sont liées à une nouvelle infection par un autre coronavirus ou si la symptomatologie était restée fruste en raison de l'utilisation de corticostéroïdes et si l'arrêt de ces médicaments s'accompagne d'une réapparition de la maladie ».
Idée pour les contacts
Dans le « Lancet », Dimitrios Kontoyannis (Houston, Etats-Unis) signale que la compréhension des mécanismes immunopathologiques à l'origine du SRAS reste imparfaitement comprise et qu'ils pourraient être liés à la libération de médiateurs de l'inflammation. Il propose l'utilisation d'agents thérapeutiques modifiant des événements clés de la multiplication virale - par exemple, l'attachement du virus à la surface cellulaire chez les sujets contacts. Partant du constat que le coronavirus humain 229 E (et non le OC 43) se fixe au récepteur cellulaire de membrane CD13 (aminopeptidase N), il propose que les substances bloquant l'aminopeptidase N - l'ubenimex ou des anticorps monoclonaux - soient utilisées chez les sujets contact à haut risque. C'est dans ce contexte que les Laboratoires Serono annoncent qu'ils vont tester l'efficacité de leur interféron bêta dans le SRAS.
« The Lancet », vol. 361, pp. 1519-1520 et 1520-1521, 3 mai 2003.
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