SRAS : les pistes thérapeutiques et vaccinales

Publié le 27/11/2003
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D'un point de vue thérapeutique, à l'exception notable du ß-interféron, qui interagit avec le SRAS CoV in vitro, aucun médicament disponible ni vaccin n'a fait la preuve de son efficacité. Les études de sreening sur l'ensemble des antiviraux recensés dans les banques moléculaires des laboratoires de recherche fondamentale et appliquée n'a donné, à l'heure actuelle, que des résultats très limités. En effet, seule la glycyrrhizine, un dérivé de la réglisse actif contre le VIH, semblerait interférer avec la multiplication du SRAS CoV. Parmi les autres pistes qui devraient être développées dans les prochains mois, les auteurs signalent que des équipes s'intéressent aux enzymes viraux et d'autres aux protéines cellulaires indispensables à la réplication virale.

ARN interférents

Pour cela, la technologie qui pourrait être employée fait appel aux petits ARN interférents (small interfering RNA : siRAN) dont le potentiel semble très prometteur mais qui restent encore en cours de développement technologique. Une autre voie thérapeutique pourrait passer par l'utilisation des anticorps capables de neutraliser l'infection virale. Dans un premier temps, des expériences d'immunisation passive par utilisation du sérum de patients convalescents ont été testées. « En raison de la bonne efficacité de ce type d'approche chez les patients souffrant de cancers ou de maladies infectieuses, il nous semble que cette aire thérapeutique recèle des possibilités prometteuses », analysent les auteurs. Déjà, des études fondamentales basées sur la production d'anticorps monoclonaux à partir de la culture de lymphocytes B immortalisés prélevés chez les patients convalescents dans les suites d'un SRAS, ont permis de montrer qu'il est possible de prévenir la réplication virale dans un modèle murin d'infection par coronavirus.
Les virologues travaillent aussi sur la mise au point d'un vaccin qui pourrait permettre de prévenir la maladie chez les sujets vaccinés et contribuer à limiter la transmission virale. Bien que le SRAS CoV n'ait été identifié que depuis moins d'un an, déjà des candidats vaccins tués sont testés en phase I (par exemple, dans le laboratoire de Marburg). Les tests chez l'animal semblent prometteurs. Outre les vaccins tués, d'autres vaccins recombinant utilisant des protéines de surface spiculés, seules ou en combinaison avec d'autres antigènes du SRAS CoV, sont en cours d'élaboration. Ces antigènes pourraient être délivrés par le biais d'une immunisation utilisant soit des virus non répliquants, soit d'autres vecteurs viraux déjà largement utilisés (adénovirus, canarypox, alpha virus). Une approche prometteuse consiste dans la mise au point de particules coronavirus-like non réplicantes qui pourrait mimer la structure des virions natifs.
Pour le Dr Stadler, « toutes ces approches, y compris l'immunothérapie passive, doivent être évaluées dans un premier temps sur des modèles animaux - en particulier félins - avant d'imaginer les tester chez l'homme ».
« Si la lutte contre le SRAS CV a été bien plus rapide que celle contre le VIH ou l'hépatite C, c'est en raison de la structure même du virus et de la mise en place de procédures de recherche rapide mises en place par les autorités sanitaires mondiales. Néanmoins, il reste difficile de prévoir l'avenir de ces recherches, notamment si l'épidémie ne se renouvelle pas cette année, ce qui pourrait inciter les laboratoires de recherche à visée commerciale à suspendre leur travail sur ce sujet. Enfin, si toutes ces recherches ont été possibles, c'est en raison de l'épidémiologie particulière de cette affection. On ne peut donc pas prévoir si, face à l'émergence d'un nouveau virus à épidémiologie différente, les stratégies de réponse thérapeutique et vaccinale pourraient être développées à une vitesse suffisante pour prendre en charge une nouvelle épidémie. »

« Nature Microbiology », vol. 1, pp. 209-218, décembre 2003.

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7435