La question de la virulence du coronavirus chez les enfants a été soulevée en raison du faible nombre de sujets de moins de 15 ans affectés par le SRAS. Au 25 avril 2003, 6 % des cas déclarés à Hong Kong concernaient des moins de 15 ans et 11 % des 15-24 ans. Pour la Société internationale des maladies infectieuses, « cette observation pourrait être en rapport avec l'existence de formes atténuées de la maladie chez les plus jeunes et avec un moindre diagnostic de la maladie ». Pour connaître de façon rétrospective l'incidence du SRAS chez les plus jeunes, il sera nécessaire de mettre en place des études de détection des anticorps sur une cohorte représentative de la tranche d'âge.
Dix enfants de 18 mois à 16 ans
En attendant, le travail, rapporté par le Dr K. Hon dans le « Lancet », donne un éclairage sur les formes infantiles de la maladie. Entre le 13 et le 28 mars 2003, 10 enfants âgés de 18 mois à 16 ans ont été hospitalisés à Hong Kong pour suspicion de SRAS. Tous avaient été en contact rapproché avec une personne atteinte de SRAS dans les dix jours précédant l'hospitalisation (voisins, grand-mère, parents, médecin traitant ou personnel soignant). Tous ont été traités par antibiotiques (céfotaxime ou clarithromycine), ribavirine par voie orale (40 mg/kg/j en une à deux prises) et corticostéroïdes. Les cinq sujets les plus sévèrement atteints ont bénéficié secondairement d'un traitement par ribavirine injectable (20 mg/kg en trois injections par jour) et d'une majoration des doses de corticostéroïdes.
Outre la présence de fièvre qui est constante, les auteurs distinguent deux formes cliniques de la maladie selon l'âge des patients. Les adolescents de 13 à 16 ans ont présenté des symptômes identiques à ceux des adultes : dyspnée (4 cas sur 5), toux (4), frissons et myalgies (5), céphalées (4), nausées et douleurs abdominales (3). Les enfants de 18 mois à 7 ans et demi, eux, ont souffert de symptômes plus bénins (toux et nez qui coule, 3 sur 5 cas) et aucun cas de dyspnée, de myalgies, de céphalées et de frissons n'a été noté. Quatre des adolescents ont dû bénéficier d'un traitement par oxygénothérapie (désaturation en oxygène à l'air libre entre le 4e et le 7e jour) et deux ont nécessité une intubation et une ventilation par pression positive continue (deux jeunes filles âgées de 15 ans et demi). Néanmoins, tous ces patients ont pu être sevrés du respirateur facilement.
D'un point de vue biologique, une lymphopénie a été détectée chez l'ensemble des enfants et cette lymphopénie était plus sévère chez les adolescents que chez les plus jeunes (de 3 000 GB pour l'enfant âgé de 18 mois à 300 pour une jeune fille âgée de 15 ans et demi). Une thrombopénie modérée et une majoration des transaminases a été notée dans le groupe des patients les plus âgés.
La présentation radiologique initiale était similaire dans les deux tranches d'âge (foyer ou condensation des zones supérieures ou inférieures des deux poumons). L'évolution des lésions radiologiques, elle aussi, a été sensiblement similaire dans les deux groupes (aggravation des images en quarante-huit heures à cinq jours). Seul un adolescent conservait des signes d'opacité après dix jours d'évolution.
Jeunes enfants : le contagiosité semble faible
« L'une des autres particularités du SRAS chez les enfants tient à la faible contagiosité de ces formes : aucune contamination secondaire n'a été constatée dans l'entourage de ces dix premiers cas, ni dans le milieu scolaire ni à leur domicile », indiquent les auteurs.
Il est à noter que la mise en place systématique d'un traitement par ribavirine ne s'est pas accompagnée de l'apparition d'effets indésirables graves dans une population pourtant particulièrement sensible. Dans ce contexte, la décision du gouvernement canadien de ne réserver cet antiviral qu'aux essais cliniques en raison de la publication de résultats décevants in vitro doit être nuancée par les bons résultats in vivo.
« The Lancet », version en ligne le 29 avril 2003.
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