Selon une étude réalisée courant mars dans un hôpital de Hong Kong, les critères permettant le diagnostic du SRAS établis par l'OMS (contact avec un sujet déjà atteint par le maladie, fièvre > 38 °C et symptômes respiratoires) doivent être affinés. En l'état, ils ne permettent pas de distinguer de manière fiable les cas avérés de SRAS à un stade précoce de la maladie.
Pour Rainer et coll. (hôpital du Prince de Galles, Hong Kong), un suivi quotidien des sujets ayant eu un contact avec un cas avéré, incluant un examen de routine au cours duquel sont notés tous les symptômes non respiratoires du patient et une radiographie pulmonaire, devrait être pratiqué jusqu'à ce que le malade ait passé 48 heures sans aucun symptôme.
Ce suivi leur a permis d'établir un diagnostic fiable à 99 % sur une cohorte de plus de 500 patients. Dans cette cohorte, la seule référence aux critères de l'OMS aurait conduit à un mauvais diagnostic dans près de 17 % des cas et 72 cas de SRAS avérés n'auraient pas été repérés.
Entre le 11 et le 31 mars 2003, 556 personnes ayant eu un contact avec un malade atteint de SRAS sont venus consulter à l'hôpital du Prince de Galles de Hong Kong. Un premier examen clinique a permis de renvoyer chez eux 41 sujets ne présentant aucun symptôme. Chez les 515 patients restant, une radiographie des poumons et/ou un scanner a permis de confirmer ou non le diagnostic de pneumonie. Seuls 141 malades ont été hospitalisés, mais l'ensemble de la cohorte a été suivi quotidiennement. Les patients chez lesquels les symptômes initiaux ont disparu pendant 48 heures et qui ne montraient pas d'anormalité à la radiographie sont sortis de l'étude. Les patients aux radiographies suspectes mais répondant favorablement à une antibiothérapie dans une délais de 48 heures ont reçu un diagnostic de pneumonie non liée à une infection par le virus du SRAS. Finalement, 97 cas de SRAS avérés ont été diagnostiqués. L'ensemble de ces diagnostics a depuis pu être confirmé dans 99 % des cas à l'aide d'un test sérologique.
Un symptôme associé : l'essoufflement
Les symptômes cliniques, significativement plus fréquents chez ces malades infectés par le coronavirus que dans les autres cas, sont : fièvre, frissons, malaises, myalgies, rigidité et douleurs cervicales, perte d'appétit, vomissements, diarrhée et essoufflement. En revanche, la toux, l'expectoration, les maux de gorge et la rhinorrhée se sont révélés être des symptômes plus fréquents chez les malades non infectés par le virus du SRAS. Parmi les symptômes respiratoires, le seul à être associé de manières significativement plus importante aux patients atteints de SRAS est donc l'essoufflement.
Selon les recommandations de l'OMS, le diagnostic du SRAS repose principalement sur l'existence de symptômes respiratoires tels que la toux, l'essoufflement et les difficultés respiratoires. Ces critères ont été établis d'après l'observation de malades déjà hospitalisés, à une phase tardive de la maladie. Ils ne semblent pas être les plus représentatifs de la phase précoce au cours de laquelle les patients sont très contagieux, mais pas encore hospitalisés. En effet, parmi les 97 cas de SRAS diagnostiqués au cours de l'étude de Rainer et coll., seulement 25 présentaient les critères retenus par l'OMS. De plus, toujours selon les même critères, 21 malades non infectés par le SRAS (sur 459) auraient dû recevoir un diagnostic de pneumopathie atypique. Ainsi, dans le cas des sujets vus à un stade précoce de la maladie, les critères de l'OMS permettent un diagnostic exact chez 83 % des malades (463 sur 556). Ces critères sont associés à une valeur prédictive négative de 86 % et une valeur prédictive positive de 54 %. Leur utilisation conduit à une sensibilité de détection de la maladie de 26 % et à une spécificité de 95 %.
Pour Rainer et coll., la recherche de symptômes systémiques tels que la fièvre, les frissons, les malaises et les myalgies constituerait une meilleure façon de diagnostiquer le SRAS chez des malades au stade précoce de la maladie. L'absence de symptôme respiratoire chez un certains nombre de patients, y compris chez des patients montrant des anomalies pulmonaires à la radiographie, conduit également les auteurs à proposer une radiographie chez tous les malades suspectés de SRAS.
T.H. Rainer et coll., « BMJ » du 21 juin 2003, pp. 1354-1358.
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