Deux missions de recherche incluant des cliniciens et des vétérinaires travaillent actuellement à l'identification des animaux potentiellement porteurs du coronavirus à l'origine du SRAS dans la province du Guangdong. L'une est constituée d'experts provenants de 15 pays, dont la Chine. Le 21 août 2003, au cours d'une conférence de presse qui s'est tenue à Pékin, l'expert français de la mission, François Moutou, vétérinaire à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA, unité d'épidémiologie, Laboratoire central de recherches vétérinaires, Maisons-Alfort) a déclaré : « Après avoir effectué des prélèvements animaux au sein de différentes fermes et de marchés, nous avons été très surpris par le nombre élevé des prélèvements positifs dans un grand nombre d'espèces allant des mammifères, aux oiseaux et aux reptiles. Il s'agit là d'un cas tout à fait à part car il reste exceptionnel de découvrir des virus qui infectent un tel nombre d'espèces distinctes. »
Dans une publication de « Science » (Sciencexpress), la seconde équipe, constituée de chercheurs chinois de la province du Guangdong et de Hong Kong, rapporte ses premiers résultats sur des prélèvements animaux et humains effectués dans marchés de la région de Canton.
Gastronomie chinoise
L'une des particularités de la gastronomie de cette province chinoise tient à la préparation de mets à base d'animaux sauvages et domestiques. Or, en juin 2003, un coronavirus a été détecté chez des civettes, des animaux sauvages vendus sur les marché. C'est pour cette raison que les chercheurs chinois ont choisi d'effectuer des prélèvements (nasaux, sang et selles) sur sept sortes distinctes d'animaux domestiques et sauvages (civette, raton laveur, castor, furet, chat et autres félins). Ils ont aussi effectué une recherche virale sanguine chez des personnes travaillant sur ces marchés : 35 vendeurs d'animaux et 20 vendeurs de fruits et légumes.
« Au niveau des sécrétions nasales et des selles, la PCR a permis de détecter du virus chez des civettes et des ratons laveurs. Le prélèvement sanguin a montré une positivité des anticorps anticoronavirus SRAS dans ces deux mêmes espèces ainsi que chez des furets », analyse le Dr Y. Guan (Hong Kong). Chez les commerçants des marchés, une séropositivité a été détectée chez 40 % des vendeurs d'animaux sauvages et seulement 5 % des vendeurs de fruits et légumes (contre 0 % dans une population contrôle de 60 patients admis à l'hôpital régional pour des pathologies non respiratoires).
Les virus animaux ont été séquencés et comparés à ceux retrouvés chez l'homme. « La principale différence retrouvée entre ces deux types de souche tient à la délétion de 29 nucléotides au sein des virus humains, par rapport aux virus animaux. En outre, nous avons retrouvé des variations ponctuelles sur 43 à 57 nucléotides selon les différentes souches étudiées », expliquent les auteurs.
Le réservoir reste inconnu
Ces nouvelles données confirment l'hypothèse du passage du coronavirus de l'animal à l'homme, mais elles ne permettent en aucun cas d'établir de façon formelle l'existence d'un réservoir animal dans les espèces testées. En effet, il reste concevable que ces différentes espèces ne représentent qu'un hôte de passage entre le réservoir animal - encore inconnu - et l'homme. Cette hypothèse semble confirmée par les travaux préliminaires présentés par la première des équipes de recherche.
Sciencexpress, publié en ligne le 4 septembre 2003.
Lire également « le Quotidien » du 28 mai 2003.
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