Entre le 26 février et le 26 mars 2003, 50 personnes ont été hospitalisées à Hong Kong en raison de l'apparition de signes cliniques définis comme SRAS par l'OMS (fièvre supérieure à 38 °C, toux ou souffle court, infiltrats pulmonaires à la radiographie, histoire d'exposition à un malade ou absence de réponse à un traitement antibiotiques destiné à traiter les pneumonies typiques et atypiques). Ces patients ont eu une analyse des sécrétions naso-pharyngées et un prélèvement sérique. Chez certains, des prélèvements des selles ou des biopsies pulmonaires ont été effectués. Durant la même période, des analyses sériques et des prélèvements naso-pharyngés ont été réalisés chez 200 témoins hospitalisés dans des services de médecine et sur 80 malades atteints de pathologie pulmonaire autre qu'un SRAS.
« A l'examen direct des sécrétions naso-pharyngées, nous avons pu mettre en évidence chez deux patients un virus de la famille des coronavirus », explique le Dr J. Peiris. Le premier était un homme de 53 ans qui avait été en contact avec un Chinois de la région de Canton, qui, lui-même, est décédé dans les jours suivants d'un SRAS. Deux jours après ce contact, l'homme a développé fièvre, myalgies et céphalées. On a retrouvé des crépitations basales droites correspondant à une opacité en regard à la radiographie. En dépit d'un traitement par azithromycine, amantadine et ceftriaxone, l'état clinique et gazométrique s'est aggravé, d'où la nécessité d'une intubation. Une biopsie pulmonaire a été effectuée à J9 : inflammation interstitielle modérée, cytomégalie des pneumocytes altérés, infiltration granulaire cytoplasmique et élargissement du noyau. Traitement par ribavirine et corticoïdes. De l'ARN appartenant à un coronavirus a été détecté dans le liquide d'aspiration pulmonaire, au sein de la biopsie, et lors de l'autopsie (décès à J10), dans le tissu bronchique.
La deuxième patiente présentait en plus une diarrhée liquide ; un virus de type coronavirus a été identifié dans le prélèvement naso-pharyngé.
Ces deux virus ne réagissaient pas avec les tests de routine destinés à identifier les virus influenza de type A et B, les para-influenza de type 1, 2 et 3, l'adénovirus, le VRS et le métapneumovirus. La sensibilité à l'éther de ce virus prouve qu'il s'agissait d'un virus enveloppé. La PCR a retrouvé un fragment d'ADN de 646 bp contenant une séquence de 215 acides aminés (AA) agencés d'une façon inconnue mais montrant une homologie importante avec deux coronavirus connus dans le règne animal : celui qui est à l'origine de certaines hépatites murines et celui qui infecte les bovins.
Par la suite, on a recherché cette séquence d'AA dans les 44 prélèvements naso-pharyngés : 22 contenaient la séquence recherchée. Sur 18 échantillons de selles, 10 la contenaient aussi. La spécificité de la séquence a été prouvée : chez 40 témoins, aucune réaction positive n'a été décelée.
Anticorps
Au niveau sérique, des anticorps ont pu rapidement être caractérisés après la mise en évidence du virus. On les a retrouvés dans 35 des 50 prélèvements sériques. Pour 32, on disposait de prélèvements à la phase aiguë et en période de convalescence. Au cours de cette seconde phase, le titrage des anticorps était en moyenne majoré d'un facteur 4 par rapport à la phase aiguë. « Au total, si l'on prend en compte l'ensemble des prélèvements effectués, on constate qu'au moins l'un des examens s'est révélé positif chez 45 des 50 patients », analysent les auteurs.
Chez l'homme, jusqu'à présent, deux coronavirus seulement étaient connus pour leur pouvoir pathogène (2229 E et OC 43) ; il n'y a pas de réaction antigénique croisée entre ces virus et celui découvert à Hong Kong.
« The Lancet » publié en ligne.
Manque de place
Sur les 50 patients décrits, 40 % ont nécessité une ventilation artificielle (moyenne de 6 jours). Le 9 avril, 119 patients étaient dans un des services de soins intensifs (USI) de Hong Kong pour une ventilation. Or il n'y a que 166 places. Le président des services publics hospitaliers de Hong Kong reconnaît que la situation pourrait devenir critique dans les semaines à venir si l'épidémie continue à faire 40 victimes par jour. « Une fois les USI débordées, le taux de mortalité pourrait atteindre les 30 à 40 % », estime le directeur de l'USI de l'hôpital Prince of Wales.
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