Le Dr Henry Niman, de la faculté de médecine de Harvard, qui est l'un des premiers à avoir mis en évidence un coronavirus chez les patients atteints de SRAS, a rapporté vendredi des mutations dans le génome des souches provenant de Hong Kong, de Canton et de Pékin. Par rapport à la souche CHCK-W1 isolée chez l'un des premiers malades ayant séjourné à la fin février dans l'hôtel Métropole de Hong Kong, les nouvelles souches étudiées sont dotées de mutations à trois niveaux : sur le gène présumé codant pour la polymérase, sur celui des glycoprotéines de surface et sur celui des nucléoprotéines. Pour le Pr Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon, interrogé par « le Quotidien », « cette observation est la preuve que les souches de coronavirus évoluent. Mais il est encore difficile d'affirmer que ces mutations se traduisent de façon fonctionnelle sur la virulence des souches ». Néanmoins, il semble possible que les variations génomiques sur le gène de la polymérase modifient la spécificité cellulaire du coronavirus ; que celles sur les glycoprotéines de surface s'accompagnent d'une modification de l'affinité aux récepteurs cellulaires et par là même d'une meilleure adhésion cellulaire et, de ce fait, d'une transmissibilité accrue ; enfin, celles survenant sur le gène des nucléoprotéines restent difficiles à évaluer dans l'état actuel des connaissances.
Le Dr Henri Niman rapporte aussi avoir identifié chez un même patient deux souches distinctes de coronavirus. « Il est impossible de savoir si le malade a été coïnfecté ou si une mutation a été générée au sein même de son organisme », souligne le Pr Bruno Lina. Les modalités d'évolutivité des souches de ce virus doivent encore faire l'objet d'études. On ne sait, en effet, pas encore si des glissements antigéniques peuvent survenir chez ces virus, comme dans le cadre des virus de la grippe.
Survie du virus et modes de contamination
La question de la survie du coronavirus hors de l'organisme se pose aussi depuis moins d'une semaine. Un chercheur irlandais a en effet rapporté que le virus pouvait garder son pouvoir infectant pendant au moins 24 heures à l'extérieur de l'organisme (sur une surface inerte, sèche, exposée à une ambiance normale). Or les deux coronavirus connus comme infectants pour l'homme et à l'origine de manifestations respiratoires perdent leur pouvoir infectant en moins de trois heures. « C'est pour cette raison que les virologues ont rapproché le virus du SRAS des coronavirus porcins à l'origine de symptomatologies digestives et qui peuvent survivre plus d'une journée après avoir été excrétés par voie entérique. Dans ces conditions, la piste de la coexistence de contaminations par voie respiratoire et par voie oro-fécale semble se confirmer », analyse le Pr Lina.
Chaleur et mois d'été
Les différentes voies d'élimination du virus (par les UV, les produits alcoolisés, basiques, acides....) sont actuellement étudiées dans les laboratoires de virologie coordonnés par l'OMS. L'une des seules certitudes que les premières analyses ont permis d'obtenir est que le virus du SRAS est sensible à la chaleur, ce qui laisse penser que l'on pourrait assister à une modification de la contagiosité au cours de l'été dans l'hémisphère nord mais que l'épidémie pourrait se réactiver quand les températures baisseront.
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