SRAS : Hong Kong fait la première description épidémiologique

Publié le 11/05/2003
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Partout dans le monde, les autorités de santé cherchent des principes d'intervention pour contenir l'épidémie de SRAS qui tend à rapidement progresser. La taille importante des conurbations asiatiques et les propensions contemporaines aux déplacements individuels par voie aérienne, conditions favorables à la propagation de l'épidémie, sont à prendre en compte pour la mise en place de mesures, écrivent Christi Donnelly et coll., en publiant une première étude épidémiologique sur le SRAS.

Leur description intègre les 1 425 cas rapportés à Hong Kong jusqu'au 28 avril 2003.
Une base de données intégrées a été constituée à partir de plusieurs sources d'information sur des variables épidémiologiques, démographiques et cliniques. Ce qui a permis de déterminer les temps d'incubation (temps écoulé entre l'infection et l'apparition des symptômes), le délai avant la prise en charge et la durée d'hospitalisation, etc.
Des mesures d'association ont été faites entre les cas estimés, le taux de létalité et des caractères inhérents aux patients.
Après la phase initiale de croissance exponentielle, le taux des cas confirmés a chuté au-dessous des 20 cas par jour après le 28 avril, constatent les observateurs. Les interventions de santé publique ont comporté des incitations à hospitaliser rapidement après la survenue des symptômes cliniques, au traçage des sujets contacts, autant pour les cas suspectés que pour les cas confirmés, la mise en quarantaine et la restriction des voyages pour les sujets contacts.

Durée moyenne d'incubation : 6,4 jours

La durée moyenne d'incubation est estimée à 6,4 jours. Le temps moyen écoulé entre le début des signes et l'hospitalisation varie entre 3 et 5 jours. Il tend à diminuer quand on compare la période actuelle à la période la plus précoce de l'épidémie, sans que ce raccourcissement semble avoir affecté le déroulement clinique du SRAS.
Toutefois, la réduction du délai avant l'admission à l'hôpital a réduit le taux de transmission, ce qui a été évident dès le début du mois d'avril. La proportion dans laquelle ce délai doit être encore réduit pour diminuer la survenue des cas secondaires à partir des cas primaires à Hong Kong est perpétuellement analysée.
Le raccourcissement de ce délai entre les premières manifestations et l'hospitalisation-mise en quarantaine fait partie des mesures les plus sévères pour limiter encore la transmission, soulignent Donnelly et coll.
Les agrégations de cas autour d'un seul sujet atteint dans des espaces restreints ont joué un rôle essentiel dans le développement de l'épidémie. L'évaluation des modes de présentation de la maladie est en cours.
Le taux de létalité estimé apparaît, dans ce travail, de 13,2 % (9,8-16,8) pour les moins de 60 ans et de 43,3 % pour les plus de 60 ans. L'interprétation est délicate. Ce taux de létalité est élevé et peut ne pas concorder avec d'autres chiffres*.
Mais, avertissent les auteurs, l'estimation du taux de létalité dans une situation d'épidémie émergente n'est pas simple. D'abord, les estimations sont dérivées de données recueillies auprès de cas cliniques hospitalisés et, de ce fait, on estime la mortalité uniquement dans cette population. Ensuite, les évolutions temporelles de l'épidémie compliquent l'analyse. Enfin, les estimations des taux de létalité sont susceptibles de varier en fonction des méthodes utilisées.

Révisions des estimations

« Tout cela montre que les différentes estimations doivent être révisées au fur et à mesure de l'évolution de l'épidémie », écrivent C. Donnelly et coll.
La durée de la période infectieuse et sa relation à l'incubation ne sont pas clairement élucidées. Les études sur les charges virales et les voies de transmission continuent.
Les auteurs soulignent la nécessité d'une communication du risque qui permette d'inciter le public à prendre des mesures de précaution sans augmenter l'anxiété.

« The Lancet », 7 mai 2003.
* On distingue le taux de mortalité, qui est le rapport dans un temps donné du nombre des décès à l'effectif de la population, et le taux de létalité, qui est le rapport du nombre de décès attribuable à la maladie au nombre de sujets malades pendant la même période.

Dr Béatrice VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7331