Pour conclure, il faudra d'abord répondre aux questions : le virus a-t-il été transmis à l'homme à partir des animaux sauvages, ou au contraire, ces animaux ont-ils été exposés au virus dans des circonstances qu'il reste à élucider ?
Pour Yuen Kwok-yung (microbiologiste à l'université de Hong Kong), l'éventualité d'un franchissement des barrières d'espèces de l'animal à l'homme à partir de la civette ou du raton laveur est des plus plausible. Le coronavirus serait peu pathogène au moment de la transmission de l'animal à l'homme, puis se modifierait et deviendrait plus dangereux à mesure des passages d'un humain à l'autre.
Cinq hommes asymptomatiques
Une étude chez cinq professionnels spécialisés dans le commerce d'animaux sauvages a montré la présence d'anticorps dirigés contre le coronavirus à l'origine de la pneumopathie atypique, alors qu'ils ne développent pas les symptômes de la maladie tels qu'ils apparaissent au cours de l'épidémie qui préoccupe tout le monde actuellement (environ 700 décès pour 8 000 cas recensés en tout). Pour He Yaqing (centre de recherche des maladies, Shenzen), une étude chez des négociants d'animaux porteurs d'anticorps du SRAS montre qu'ils ont pu présenter des symptômes du SRAS sans le savoir et ont été guéris spontanément.
Le virus trouvé chez les animaux sauvages présente une similitude presque parfaite avec le virus isolé chez les humains. Les analyses génétiques ont montré la présence de 29 nucléotides supplémentaires chez les coronavirus des civettes et autres ratons laveurs, comparativement à ceux prélevés chez des patients atteints du SRAS en Chine du Nord. Ce qui correspond à des distinctions mineures.
Une différence de 29 nucléotides
La délétion des 29 nucléotides pourrait se faire lors du passage à l'homme.
Il existe actuellement 17 séquences de génomes de coronavirus du SRAS disponibles à la GeneBank. Les différences portent sur des mutations ponctuelles et aucun des génomes ne comporte une insertion de 29 nucléotides (Yuen Kwok-yung et coll.).
Cette observation génétique plaide en faveur d'un virus commun aux animaux sauvages et à l'homme et non de l'apparition d'une nouvelle forme de coronavirus à l'origine du SRAS. Et il est par ailleurs peu probable que la civette ait acquis un coronavirus avec une insertion de 29 nucléotides ; autrement dit, qu'elle se soit contaminée à partir d'une source humaine ou d'un autre animal.
La consommation de la chair de civette, un mets apprécié des Chinois, est en train de se réduire considérablement.
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