U N nombre croissant de femmes désirent poursuivre leur activité sportive durant la grossesse. D'après une enquête menée en 1996 auprès de 9 953 jeunes accouchées, 42,8 % avaient pratiqué la marche « promenade », 18 % la gymnastique, 11,8 % la natation, 7,6 % le vélo ; les autres sports étaient plus anecdotiques. A noter que la majorité des femmes considéraient la marche comme une réelle activité physique.
La pratique d'un sport doux est à encourager pour prévenir les troubles veineux, diminuer les lombalgies et entretenir la santé physique et mentale (la notion de plaisir et de bien-être corporel est aussi importante durant la grossesse). Il faut néanmoins savoir que la grossesse demande un effort d'adaptation supplémentaire de l'organisme du fait de :
- la baisse des résistances vasculaires périphériques, de l'hémoglobine et de l'hématocrite, du volume résiduel respiratoire (sans répercussion sur la capacité vitale) ;
- de l'augmentation de la consommation d'oxygène par majoration des besoins ftaux et placentaires (jusqu'à 33 % en fin de grossesse), du volume d'éjection systolique, du débit et de la fréquence cardiaque ;
- de l'accroissement de la laxité ligamentaire, de la lordose lombaire et du déplacement du centre de gravité vers l'avant ;
- de la prise de poids progressive et des modifications nutritionnelles.
Un syndrome de manque
La plupart des femmes adaptent d'elles-mêmes leur niveau d'activité à leurs capacités physiques, ce qui ne fait courir aucun risque au développement normal de la grossesse. Il arrive néanmoins chez les sportives de haut niveau qu'un syndrome de manque (avec excitation, tremblement, dépression) fasse son apparition en cas d'arrêt brutal du sport. L'interrogatoire de la parturiente sur ses habitudes sportives et ses antécédents traumatiques (fracture de fatigue) devrait permettre de suspecter l'existence d'une telle dépendance.
En cas de non-respect des règles d'adaptation ou de sports particulièrement violents, faut-il craindre un retentissement ftal ? Il a été évoqué une augmentation de la fréquence des avortements spontanés, une tératogénicité (hyperthermie, plongée sous-marine), l'apparition d'un retard de croissance, des modifications du rythme cardiaque ftal et une augmentation de la prématurité, mais les données de la littérature récente sont moins alarmantes. En réalité, en dehors de la plongée sous-marine et des sports particulièrement traumatiques, la pratique modérée d'un sport n'a pas de répercussion délétère sur le ftus. Deux études récentes ont montré que le rythme cardiaque ftal s'adapte à l'effort maternel et qu'il n'y a pas d'épisode de bradycardie.
En post-partum, il n'existe pas de différence entre les femmes pratiquant une activité sportive et les autres : la durée du travail et l'intensité des douleurs, le poids de naissance et la fréquence de l'incontinence urinaire d'effort sont identiques.
Communication de A. Proust, P. Madelenat, hôpital Bichat, Paris.
Performances réalisées par des femmes enceintes
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Sport/Age de la grossesse/Compétition/Résultat
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Plongeon/4 mois/Jeux Olympiques/Bronze
Plongeon7 moisChampionnat du mondeOr
Aviron4 moisChampionnat du mondeOr
Ski alpin4 moisJeux OlympiquesCompétitrice
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Huit recommandations pratiques
1) Autorisation de pratiquer trois fois par semaine une activité modérée.
2) Pratiquer une activité en position debout après le premier trimestre pour éviter la compression des gros vaisseaux.
3) Eviter les mises en situation d'anaérobie.
4) Arrêter dès l'apparition des signes de fatigue et augmenter les temps de repos.
5) Arrêter les ports violents ou traumatiques.
6) Tenir compte de l'augmentation de la ration calorique de 300 kcal/j du fait de la grossesse.
7) Optimiser l'environnement : hydratation, vêtements...
8) Ne pas oublier que les modifications physiologiques et morphologiques persistent durant 4-6 semaines après l'accouchement.
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