La spondylolyse ou lyse isthmique peut survenir entre l'âge de 3 et 5 ans, après l'acquisition de la verticalisation. A cet âge, sa fréquence est de 3 %. Elle augmente ensuite pour atteindre 5 à 6 % entre 5 et 7 ans, chiffre qui correspond à la fréquence moyenne d'une population d'âge adulte. « En revanche, la fréquence de la spondylolyse peut atteindre 30 % chez les sportifs de haut niveau, remarque le Dr Eric Rolland, service de chirurgie orthopédique, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris. Cette lyse isthmique peut être secondaire à un traumatisme aigu en hyperextension lombaire, ce qui entraîne une véritable fracture du rachis localisée aux isthmes. Mais, le plus souvent, il s'agit d'une fracture de fatigue engendrée par les contraintes répétées en flexion-extension du rachis lombaire, avec compression de l'isthme vertébral qui est tenaillé entre les articulaires des vertèbres sus- et sous-jacentes ». Ces mouvements en extension forcée s'observent surtout dans le tennis actuel où les joueurs recherchent le maximum d'extension lors du mouvement du service pour avoir une efficacité maximale.
En cas de fracture de fatigue non ou mal immobilisée, l'évolution se fait vers une pseudarthrose et la lyse isthmique risque d'évoluer vers un spondylolisthésis si le disque sous-jacent est détérioré, avec une avancée de l'ensemble du rachis sus-jacent qui n'est plus retenu par les éléments disco-ligamentaires antérieurs et les éléments osseux postérieurs.
La découverte d'une dysplasie nécessite une surveillance attentive et régulière
Tous les spondylolisthésis n'ont pas le même pronostic. Les données actuelles mettent l'accent sur l'existence ou non d'une dysplasie, en distinguant trois grades selon l'importance de la dysplasie (minime, plus marquée ou majeure). Les malformations peuvent intéresser la vertèbre, le sacrum et le disque intervertébral et cette distinction entre spondylolisthésis avec ou sans malformation se révèle très importante car la prise en charge en dépend, tout particulièrement chez le joueur de tennis. L'âge est un autre facteur distinctif important car la découverte d'un spondylolisthésis en période de croissance n'a pas la même incidence en termes de pronostic et de prise en charge qu'à l'âge adulte.
« S'il est couramment admis qu'un spondylolisthésis peut être compatible avec une activité sportive intensive pendant une dizaine d'années, observe le Dr Rolland, le risque d'être invalidé peut néanmoins se poser à terme. D'où l'importance d'une surveillance radiographique régulière pour apprécier le risque évolutif du spondylolisthésis, notamment à l'adolescence, en raison du potentiel d'aggravation en cas de dysplasies. Il peut être alors préférable d'interdire la pratique sportive du tennis et de discuter l'opportunité d'un geste chirurgical d'arthrodèse avant une aggravation trop importante du glissement ».
D'après un entretien avec le Dr Eric Rolland, service de chirurgie orthopédique, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris.
Le joueur de tennis amateur est aussi concerné
Même si l'intensité de la pratique sportive est un facteur supplémentaire d'aggravation de la situation, le spondylolisthésis avec dysplasie peut aussi concerner le sportif amateur. D'où l'intérêt de dépister ce type d'anomalie à la radiographie et d'organiser un suivi en milieu spécialisé en fonction de sa tolérance, de l'âge du sujet et de l'importance de la dysplasie.
En pratique, chez l'adulte, un spondylolisthésis de grade I est tout a fait compatible avec une activité sportive, avec une bonne tolérance fonctionnelle et un risque faible de déplacement.
En revanche, un spondylolisthésis de grade III chez l'enfant ou l'adolescent est une contre-indication à la pratique du tennis, a fortiori en compétition.
C'est le spondylolisthésis de grade II chez l'adulte jeune qui est le plus problématique en termes d'indication thérapeutique. Il nécessite une surveillance radio-clinique régulière avec arrêt de l'activité sportive et discussion d'un geste chirurgical avant que le glissement ne s'aggrave.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature