De notre correspondante
Cent mille mètres carrés construits sur une colline de 40 hectares à la périphérie ouest de la ville, près de la faculté de médecine : le nouveau CHU de Nîmes peut enfin quitter ses locaux vétustes de la rue Gaston-Doumergue et regrouper l'ensemble de ses services sur un seul site, à la croisée des boulevards périphériques et de l'autoroute, facilitant ainsi l'accès des patients et les complémentarités avec les autres structures médicales de la région et au-delà.
Une uvre de longue haleine, dont les bases ont été posées en 1970, lorsque le directeur du centre hospitalier de l'époque a acquis « pour une bouchée de pain » ces terrains alors très ruraux. « Aujourd'hui, vu le prix du mètre carré, on n'aurait pas pu », souligne Guy Mazereau, actuel directeur général. Sans le terrain, l'ensemble de l'opération s'élève déjà à 200 millions d'euros et la contribution de l'Etat n'est que de 9,6 millions.
Le nouveau bâtiment comporte 830 lits et places d'hospitalisation et un vaste plateau médico-technique en sous-sol qui dessert également un bâtiment plus ancien. Le tout s'adapte aux objectifs du projet médical qui organise les services en pôles d'activité. « Dans le contexte difficile lié à la démographie médicale et à la mise en uvre des règlements sur le temps de travail, ce regroupement permet de rationaliser l'organisation des temps médicaux et notamment des gardes », explique le Pr Pierre Marès, chef du service de maternité et nouveau président de la CME. Mais « on risque d'être paralysés si on n'a pas de moyens supplémentaires », reconnaît-il.
Dans ces locaux tout neufs et bénéficiant d'équipements de pointe, la vie s'organise en effet avec certaines difficultés : l'accroissement constant d'activité s'ajoute à l'impact des 35 heures, aux longs couloirs (entre l'ancien et le nouvel hôpital, la surface a doublé) et à la nouvelle réglementation des gardes. « Il faudrait 60 postes supplémentaires de médecins, alors que nous n'en avons obtenu que 19 », note le Pr François-Michel Lopez, président sortant de la CME. Côté personnel au lit du malade, 69 nouveaux postes ont pu être créés (en dehors des 80 postes prévus pour compenser le passage aux 35 heures) et 60 emplois de logistique redéployés en postes d'aides-soignantes, grâce au double jeu des départs à la retraite et de la formation continue.
D'étonnantes recettes subsidiaires
Malgré le grand déménagement, la dotation budgétaire n'a augmenté cette année que de 3,5 %. « C'est loin d'intégrer les surcoûts », constate la direction, qui ne cache pas son inquiétude. La gestion doit alors compter sur des « recettes subsidiaires » étonnantes, telle que la vente de médicaments hospitaliers (15 % de marge bénéficiaire) ou, plus connu, le report de charges d'un exercice annuel sur l'autre. Le CHU de Nîmes a bénéficié dans les années passées d'une excellente trésorerie qui lui a permis de « thésauriser » et d'autofinancer une partie du nouveau projet ; mais « nous sommes maintenant au pied du mur », constate le directeur général adjoint, Pierre Gauer.
La direction évoque notamment les charges supplémentaires liées aux contrats de maintenance des nouveaux équipements de pointe : 10 % de l'investissement, soit 5 millions d'euros par an. S'y ajoutent les nouveaux frais liés à la climatisation, à l'entretien des 100 000 mètres carrés de sol et des vastes surfaces vitrées de la façade, nécessitant des échafaudages et l'intervention d'entreprises spécialisées. Pour le reste, les dépenses ont été optimisées au maximum, grâce au regroupement de l'ensemble de la logistique et à une politique limitant le plus possible la sous-traitance : le CHU dispose même de serres permettant aux jardiniers de cultiver les plantes qui agrémenteront l'hôpital et ses abords. Même si leur inquiétude est grande, les médecins estiment que ce nouvel hôpital est « un outil de travail extraordinaire ».
Le CHU de Nîmes en chiffres
Le CHU de Nîmes compte 1 876 lits et places, dont 1 100 sur le site de Carémeau, les autres étant répartis entre deux centres gérontologiques (également restructurés ces dernières années) et un centre médical au Grau-du-Roi.
Son indice lit-population est de 1,4, soit l'un des plus faibles de France, et le manque de lits de médecine se fait cruellement sentir, notamment l'hiver.
Quatre-vingt mille patients sont hospitalisés chaque année, 50 000 passent aux urgences et 310 000 viennent en consultations externes.
Le budget de fonctionnement de l'ensemble du CHU est de 252 millions d'euros, dont 90 % pour Carémeau. Il emploie 4 000 personnes, dont 80 % de soignants.
Des pôles d'excellence
Le pôle cardio-vasculaire, dirigé par le Pr Patrick Messner, constitue l'un des points forts du CHU. Il assure la prise en charge de l'urgence cardiologique et vasculaire du bassin nîmois et gardois, avec une unité de soins intensifs de 6 lits et 9 lits de surveillance. Il dispose de deux salles d'angiographie numérisée de dernière génération et d'une salle de cardiologie interventionnelle dotée du premier capteur plan numérique équipant un CHU français. Il a également mis en place une unité d'exploration et de traitement des troubles du rythme et de la conduction, et une unité de rééducation cardio-vasculaire.
Outre l'équipement des salles d'angiographie, l'imagerie médicale du CHU comprend deux scanners et une IRM (bientôt une seconde).
La médecine nucléaire est équipée de deux gamma-caméras et prochainement d'un TEP-scan, la radiothérapie bénéficie d'un accélérateur de particules (un second est demandé).
Les médecins du nouveau service de cardiologie accueilleront leurs confrères libéraux et hospitaliers le vendredi 25 mai à partir de 14 heures (au 2e étage de Carémeau Sud), pour leur faire visiter leurs différentes salles d'examen et d'intervention, présenter les différentes indications auxquelles peuvent répondre leurs nouveaux équipements et pour débattre avec eux des possibilités de travail en réseau, principe auquel ils semblent très attachés.
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