Pour cette soirée Stravinski du Ballet du Capitole, on avait cependant opté pour la disposition frontale traditionnelle. Dommage, car on aurait pu gommer certains aspects conventionnels de ce programme Stravinski, le seul que dansera cette saison la troupe toulousaine dans sa ville, qui comprenait deux ballets majeurs : « l'Oiseau de feu » et « le Sacre du printemps ». Premier regret : le superbe orchestre du Capitole de Toulouse, cette fois, n'est pas de la fête. Regrettable s'agissant de deux uvres majeures du répertoire des ballets russes qui méritent un traitement meilleur que la mauvaise musique enregistrée, de surcroît mal reproduite par un équipement qui laisse à désirer !
Le second touche à la qualité de ce spectacle, ni à la hauteur de l'excellence de cette compagnie ni du niveau auquel elle nous a habitués. La confrontation, lors d'une même soirée, de deux styles chorégraphiques si elle est parfois périlleuse peut être enrichissante. Mais une réalisation néoclassique peu inventive succédant à un poncif d'esthétique datée est bien peu enthousiasmante !
La chorégraphie de « l'Oiseau de feu » de Michel Rahn créée dans la même Halle aux grains en 1996, dans un décor orientalisant de Jean-Paul Marchesini, un cyclorama constellé d'étoiles et de rochers lumineux, est bien sage avec un vocabulaire classique, des portés bien traditionnels et pourquoi pas ? Mais la représentation d'un goût particulier du monde maléfique de Kastchei l'immortel avec ses créatures rampantes et ses vapeurs d'azote liquide et de Kastchei lui-même avec sa grande cape rouge qui évoque irrésistiblement Nosferatu, a des aspects grand-guignolesques d'un premier degré qui donne plus à rire qu'à rêver. Et pourquoi tant de faste dans le décor si c'est pour habiller les danseurs comme pour un ballet néoclassique de Balanchine ?
Si le couple formé par Paola Pagano (la princesse) et Vincent Gros (le prince Ivan) est assez convaincant et au niveau d'une chorégraphie assez exigeante techniquement, c'est l'Oiseau de Roser Muñoz qui domine la distribution avec beaucoup de grâce et de virtuosité.
Une sobriété apparente
Après tant d'excès décoratifs, « le Sacre du printemps » qui suit, sur une scène vide dont le seul accessoire est une baignoire que l'on apporte au moment de la purification de l'Elue, paraît d'une sobriété qui n'est qu'apparente car la chorégraphie de l'Argentin Mauricio Wainrot créée en 1994 en Ohio par le Cincinnati Ballet (et reprise ici par Andrea Chinetti), nouvelle au répertoire du Ballet du Capitole, n'épargne pas les danseurs. A tort, car avec ses filles en combinaisons légères et ses garçons torse nu, cela a un petit air de déjà-vu, et moins de désordre dans la chorégraphie aurait peut-être conféré plus d'intensité dramatique à un ballet suffisamment narratif pour que l'on n'en rajoute pas. On a l'impression de faire du surplace jusqu'à l'épisode de la baignoire purificatrice et à la fin où les danseurs barbouillent l'Elue (pour une espèce de rite de passage primitif ?) avec de la peinture contenue dans leurs paumes.
Par leurs personnalités respectives, Luca Massala (le chef) qui dégage une énergie étonnante, et Maria Gutierrez, très fragile et touchante Elue, se dégagent d'un ensemble un peu handicapé par une chorégraphie qui ne les met pas vraiment en valeur.
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13). Site Internet : www.theatre-du-capitole.org. Le Ballet du Capitole de Toulouse, dirigé par Nanette Glushak, effectuera plusieurs tournées pendant la saison 2003-2004 avec des spectacles aussi variés et éclectiques que « Coppélia », « Gisèle », « Stravinski » et des soirées « Christie/Duato/van Cauwenberg et Balanchine ». Les principales villes visitées lors de ces déplacements seront : Aulnay-sous-Bois (29 janvier), Saint-Quentin (31 janvier, 1er et 2 février), Meaux (6 février), Béziers (20 mars), Roanne (25 mars), Orange (27 mars), Massy (30 mars) et Reims (15 et 16 mai).
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