« Franc succès, étonnement », le ton est à l'évidente satisfaction chez les gastro-entérologues et le président du Syndicat national des médecins français spécialistes de l'appareil digestif (SYNMAD). Pour Jean-François Rey, « c'est beaucoup plus que ce qui était attendu, et à Paris, notamment, la mobilisation est vraiment très forte ».
Le SYNMAD avance son chiffre de 70 à 80 % de cabinets fermés à partir d'une enquête téléphonique effectuée par ses services auprès d'un « vaste échantillon » de cabinets de gastro-entérologue. Une estimation qui ne prétend pas à l'exactitude scientifique, mais qui donne, toujours selon le SYNMAD, une idée relativement précise de la mobilisation des spécialistes libéraux, lesquels réclament notamment des revalorisations de leurs honoraires, bloqués depuis plus de sept ans, le tout sur fond de renégociation de la convention qui les lie à l'assurance-maladie.
« Je m'attendais à une moindre mobilisation, ajoute Jean-François Rey, c'est sensiblement supérieur à ce qu'on a connu dans le passé. »
Ces médecins spécialistes iront-ils jusqu'au bout de leur mouvement revendicatif ? Pour Jean-François Rey, ils persisteront, spécialité par spécialité, d'autant que chacune d'entre elles a choisi son mode d'action spécifique qui n'est pas forcément la grève, et qui peut être une journée de sensibilisation ou de dépistage gratuit, comme c'est le cas pour les ophtalmologues, qui organisent le 13 septembre prochain une journée de dépistage du glaucome.
« En revanche, ajoute-t-il, si les négociations avec les caisses se déroulent selon nos vux, nous pourrions annuler la journée de grève interspécialistes du 16 octobre, même quatre jours avant. Nous ne souhaitons pas mettre le couteau sous la gorge de quiconque. »
Pour le président du SYNMAD et de l'UMESPE, la grève générale des spécialistes du 16 octobre a « une chance sur deux d'avoir lieu. Sur les principes, on va avancer, mais le blocage pourrait se produire sur le financement, à cause des dettes que la Sécurité sociale a accumulées à l'époque d'Elisabeth Guigou. Et puis le nouveau gouvernement doit appliquer les critères de Maastricht, et, s'il laisse filer le déficit, il aura droit à un rappel à l'ordre de Bruxelles ».
De timides avancées de la CNAM
Sur cette possibilité d'annuler ou non la grève générale du 16 octobre, le Dr Dinorino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), est plus mesuré : « Moi, je serais étonné qu'on la supprime, car elle est déjà dans les tuyaux. Et puis les spécialistes ont besoin d'exprimer et de médiatiser leurs problèmes. Mais, en fonction de l'avancée des négociations, ce mouvement du 16 octobre pourra être fait de manière élégante ou plus dure. »
Quant à la volonté d'ouverture et de dialogue de la CNAM, Jean-François Rey semble encore circonspect : « Oui, il y a des avancées, mais elles sont encore bien timides et nous sortons de sept ans de blocage des honoraires avec une inflation du prix des assurances. Il faudra plus qu'un début de négociation pour calmer les spécialistes. » Il insiste sur la nécessité de tirer la sonnette d'alarme : les spécialistes sont las des paroles et veulent des actes.
En ce qui concerne le calendrier des rencontres prévues entre les syndicats et la CNAM, il était prévu hier une réunion sur l'évolution des dépenses de santé et aujourd'hui, vendredi, une autre réunion devrait se dérouler sur « les autres modes de rémunération des médecins ». Mais Jean-François Rey précise : « Il s'agit encore de réunions de travail et d'observation, on n'en est pas encore, loin de là, au chiffrage. » Une autre paire de manches.
L'étonnement de la CNAM
La CNAM s'interroge sur l'opportunité de l'action des spécialistes alors que des négociations réunissent les syndicats et les caisses.
Dans un communiqué, la Caisse nationale d'assurance-maladie «s'étonne de la décision prise par les syndicats des différentes spécialités médicales d'engager une série de mouvements. Elle s'interroge également sur l'opportunité de telles actions, alors même que la rémunération des pratiques professionnelles des spécialistes fait actuellement l'objet de négociations entre les syndicats de médecins et les caisses ».
La CNAM souligne que, selon l'accord signé le 15 mai 2002 entre les syndicats de et les caisses, et durant la période de ces négociations, la baisse de la participation des caisses au financement des cotisations sociales qui s'appliquait aux médecins spécialistes, dans le cadre du réglement minimal conventionnel, est suspendue. Selon la CNAM, cette décision équivaut à une augmentation de la rémunération des spécialistes de 2 300 euros (15 000F) sur un an.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature