C'est le statu quo qui a finalement été choisi à la présidence de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM). Candidat à sa propre succession, Jean-Marie Spaeth (CFDT), qui préside aux destinées de la CNAM depuis 1996, a été réélu par 11 voix contre 3 à Jean-Claude Mallet, candidat pour Force ouvrière. Le vote a eu lieu à bulletin secret. Seule la CFE-CGC avait indiqué avant le vote qu'elle s'abstiendrait « ne souhaitant pas favoriser une organisation plutôt qu'une autre ».
A la suite de la décision du Medef et de la CGPME de ne plus siéger dans les organismes de gestion de la Sécurité sociale, les syndicats de salariés ont donc été incapables de s'entendre sur un nouveau partage des responsabilités à la tête des caisses nationales, dont les administrateurs viennent d'être renouvelés pour cinq ans.
Perdant son principal allié, la CFDT était favorable à un statu quo des majorités de gestion en attendant le résultat de la concertation engagée par le Premier ministre dans le cadre de la rénovation de la gestion paritaire des organismes sociaux. « Nous sommes élus pour cinq ans comme les députés, mais il pourrait bien y avoir une dissolution », ironisait Jean-Marie Spaeth dans les colonnes du journal « le Monde » quelques heures avant sa réélection.
A l'opposé, la CGT et FO, qui revendiquaient des responsabilités dans la gestion, prônent une stratégie de rupture par rapport aux majorités passées. « Souhaite-t-on réformer et innover pour sauver notre système ? Ou souhaite-t-on attendre qu'il s'écroule pour voir l'étatisation et finalement la privatisation assurantielle prendre en charge notre système d'assurance-maladie », a plaidé Jean-Claude Mallet en présentant sa candidature. L'ancien président de la CNAM de 1991 à 1995, qui n'a recueilli que ses propres voix, a regretté que le départ du Medef et de la CGPME « n'ait pas fait prendre conscience à l'ensemble des organisations syndicales de salariés de l'impérieuse nécessité de s'entendre, de travailler ensemble pour sauver et améliorer la Sécurité sociale solidaire et égalitaire à laquelle nous croyons tous ».
Du coup, le nouveau président de la CNAM devra gérer la période transitoire doté d'une majorité pour le moins fragile. Car si la CFDT peut compter sur les voix de l'Union professionnelle artisanale (UPA) et de la Mutualité française, ni la CGC ni la CFTC n'envisagent un soutien inconditionnel. Ces deux organisations sont favorables aux côtés de FO et de la CGT à la relance du partenariat conventionnel avec les syndicats médicaux, notamment dans le cadre d'un projet élaboré en commun avec la CSMF, le SML et la FMF. « La CFTC souhaite fermement que le nouveau conseil d'administration ne sélectionne pas ses interlocuteurs mais s'engage dans une nouvelle voie de la politique conventionnelle avec tous les acteurs de toutes les professions. Nous devons réussir, c'est notre crédibilité d'acteurs de la vie économique et sociale qui est en jeu », ont déclaré ses administrateurs.
« Ce nouveau mandat, a précisé Jean Marie Spaeth à l'issue de sa réélection, s'ouvre dans un contexte très différent de celui de 1996. Nous ne sommes plus sur le lancement d'une réforme ambitieuse.En revanche, nous avons à conforter un nouveau modèle de relations avec les professionnels de santé, car le système conventionnel actuel est vieux de trente ans. Nous aurons également à recréer de nouvelles règles de jeu entre l'Etat et l'assurance-maladie. »
En installant le nouveau conseil d'administration, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité a, de son côté, jugé « regrettable» le désengagement d'une partie du patronat souhaitant qu'il ne soit pas définitif. Elisabeth Guigou a d'ailleurs reconnu « la nécessité de clarifier l'organisation de la Sécurité sociale et de la répartition des rôles entre l'Etat et les partenaires sociaux » et a confirmé la poursuite de la concertation entreprise à la fois sur l'organisation des caisses, mais également sur l'organisation de la médecine de ville sur la base des treize propositions rendues publiques la semaine dernière.
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