SURNOMMÉE « Lady Day » par le saxophoniste ténor Lester Young, Eleanora Billie Holiday (1915-1959), rapidement devenue une légende du jazz, était aussi une femme noire dans l’Amérique blanche de l’époque, avec ses faiblesses et ses dérives. Elle avait expliqué tous ses défauts dans son autobiographie, « Lady Sings the Blues » (« Ma vie » en français, Plon, 1960). Près d’un demi-siècle après sa disparition tragique, cette véritable diva du jazz vocal est toujours d’actualité dans un monde où la multiplication des « vraies » chanteuses laisse perplexe.
« The Complete Verve Studio Master Takes » (Verve/Universal) est un magnifique coffret métallique de 6 CD, plus un livret exhaustif et admirablement illustré, regroupant une centaine de titres enregistrés par cette femme fatale entre le printemps 1952 à Los Angeles et le 11 mars 1959 à New York, soit près de quatre mois avant sa mort (le 17 juillet 1959). La créatrice de « Strange Fruit », son hit des années 1930-1940, est, pour ces sessions devenues indispensables, accompagnée de l’élite du jazz d’alors : Oscar Peterson, Jimmy Rowles, Wynton Kelly, Hank Jones (piano), Barney Kessel, Freddie Green, Kenny Burrell, Herb Ellis (guitare), Joe Newman, Charlie Shavers, Harry « Sweets » Edison (trompette), Ben Webster, Benny Carter, Flip Phillips, Paul Quinichette, Al Cohn (saxophone), Ray Brown, Red Mitchell, Milt Hinton (contrebasse) et Cozy Cole, Chico Hamilton (batterie). Le tout pour soutenir des morceaux fétiches de la chanteuse à la voix extraordinaire et d’une très grande profondeur émotionnelle, et des standards du jazz.
Une icône du jazz vocal. Que l’on peut retrouver vivante grâce à la magie du DVD si l’on se procure « Billie Holiday – The Ultimate Collection » (Verve/Decca/Universal), qui se divise en trois parties : Film and TV Performance, Audio Performance et Audio Interviews. La première partie regroupe des performances datant des années 1930, 1940 (du film « New Orleans » dans lequel elle interprète une bonne à tout faire !), et des émissions de télévision de 1950, avec la participation d’un All Stars historique comprenant notamment Gerry Mulligan, Lester Young, Ben Webster, Coleman Hawkins et Roy Eldridge. Enfin, dans la catégorie des « audios », on trouve notamment une très rare interview radio donnée par Billie en 1956 au journaliste Mike Wallace. Un document absolument indispensable.
La « Divine ».
Moins mythiques, mais tout aussi indispensables, les enregistrements de Sarah Vaughan, surnommée « Sassy » (1924-1990), permettent de redécouvrir cette vocaliste dont la tessiture était tout à fait exceptionnelle dans le jazz chanté.
« In The City of Lights » (Justin Time Records/Harmonia Mundi) est un double album gravé le 2 novembre 1985 au théâtre du Châtelet à Paris lors du défunt Festival international de jazz de Paris. Entourée d’un trio, qui ouvre la session, la grande dame entame son tour de chant par un « Summertime » acapella, qui va donner le « la » d’une soirée inoubliable et magistrale au cours de laquelle la « Divine » prouve, malgré un brin de cabotinage, qu’elle fut une authentique reine du jazz vocal et du swing.
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