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DU BEAU LINGE, c'est le cas de le dire avec une série de serviettes de lin damassées qui, si elles pouvaient parler, nous raconteraient des agapes historiques et peut-être croustillantes. L'une d'elles a essuyé la bouche du kaiser Guillaume II, six autres, estimées 6 000/8 000 euros, proviennent du service du roi Maximilien Joseph de Bavière vers 1807. Un drap de lin fin damassé d'aigles et de couronnes a bercé les nuits du dernier des tsars et nous est proposé à 7 000/9 000 euros.
Les plus imposants de ces chiffons royaux sont les deux serviettes utilisées en 1660 lors du repas de mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse (déjà vues à Drouot il y a quelques années). Le damas montre le roi et l'infante se donnant la main. On en attend 6 000/8 000 euros pièce.
On retrouve Louis XIV sous la forme d'un bronze équestre qui, s'il était d'époque - comme celui qui se trouve au château de Vaux-le-Vicomte - serait quasi inestimable. Dans sa version XIXe, cette statue bien connue de Girardon, haute de près d'un mètre, vaut tout de même 40 000/60 000 euros.
Le document le plus extraordinaire de la vente touche aux sources de la monarchie française. Il s'agit d'un parchemin de quelques lignes cosigné en 825 par Louis le Pieux et Lothaire 1er, fils et petit fils de Charlemagne. Cette charte accordant privilège et protection à l'abbaye de Corbie pourrait s'adjuger 100 000/150 000 euros.
Fin de règne.
La période la plus sensible est celle des dernières années de la monarchie française, qui nous amènent des souvenirs moins solennels. Un petit pastel, presque une esquisse, représente le jeune Louis XVII en 1793, alors prisonnier au Temple. Ce caractère lui vaudrait peut-être plus que ses 15 000/20 000 euros d'estimation, mais Joseph Ducreux, qui en est l'auteur, n'a pas la sensibilité de Mme Vigée-Lebrun. Cette dernière, alors émigrée en Italie, y fait les portraits des petits princes de Polignac, dont l'ineffable Jules, futur ministre ultraréac de Charles X, qui a entraîné en 1830 la chute de la monarchie. A 13 ans, il déjà l'œil vague, son jeune frère semble plus vif. Ces deux jolis pastels sont estimés 200 000/300 000 euros.
Ils ne sont pas le lot le plus cher. Ce privilège est dévolu à un livre de prière offert par Louis XV à Marie Leczinska à la veille de leur mariage et crédité de 280 000/350 000 euros. Parce qu'il est entièrement manuscrit, enluminé de couleurs délicates à fond d'or et signé d'un des grands maîtres du genre du XVIIIe, Jean-Pierre Rousselet. La reliure de maroquin citron mosaïqué, monogramme de la reine, est signée de Padeloup.
Les 195 numéros du catalogue ne sont pas tous passionnants, loin de là, et les objets personnels de membres obscurs de principautés européennes sont parfois bien dérisoires.
Voilà pourquoi, sans doute, la journée du 2 décembre se termine sur un autre catalogue qui s'ouvre sur une lettre... d'un certain Bonaparte, suivie elle-même du compte rendu du sacre illustré de la célèbre composition de David. Des portraits, des scènes de bataille, des objets divers et beaucoup de meubles complètent la vente qui s'achève sur un joli buste de marbre du Prince impérial, signé de Carpeaux et estimé 80 000/120 000 euros.
Jeudi 2 décembre, 14 h 30 et 17 h, galerie Charpentier, Sotheby's.
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