Le gouvernement a fait deux concessions majeures : il a ajourné à l'automne son projet de réforme des universités et différé son projet de décentralisation de certains personnels de l'Education nationale.
Pour parvenir à un compromis, il utilise un ministre de choc : Nicolas Sarkozy. Il apparaît, a posteriori, que Jean-Pierre Raffarin voulait mettre trop de choses dans sa réforme des retraites et que, après avoir été critiqué à droite pour sa lenteur, il ait mis les bouchées doubles. On ne lui reprochera donc pas d'atténuer son projet pour le rendre acceptable sinon à tous, du moins à un certain nombre de syndicats. Droite et gauche se livrent d'ailleurs un combat à fleurets mouchetés. C'est Jack Lang, l'homme le plus hostile à la réforme de l'Education nationale, qui a salué les concessions de M. Raffarin.
La partie n'est pas jouée : les syndicats exigent une négociation qui prenne son temps et ne bute pas sur les examens de juin. Ils continuent à vouloir vider de son sens la réforme des retraites. Mais ils ne sont pas sûrs d'être suivis par leur base. La grève quasi générale d'hier a servi de démonstration de force, mais même Monsieur Niet, alias Marc Blondel, ne veut pas être accusé de fomenter un complot politique. L'approche la plus optimiste du conflit est donc la suivante : la base est ébranlée par les concessions du gouvernement et les grévistes se lassent. Le gouvernement fait adopter la réforme des retraites, avec alignement des fonctionnaires sur les salariés du privé, l'essentiel est sauvé et on abordera plus tard le cas spécifique des enseignants par des amendements sur la durée de leur carrière.
L'approche pessimiste sera fondée sur la désinformation à laquelle se sont livrés les manifestants, l'incompréhensible association des salariés relevant des régimes spéciaux (SNCF, RATP) aux mouvements de grève, le rôle de l'opposition qui souhaite profiter plus longtemps de l'aubaine.
Cette hypothèse est plausible et peut ruiner durablement le projet de réforme dont la France, pourtant, a besoin. Mais le message est en train de passer : il faudra travailler plus longtemps pour toucher une retraite correcte.
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