LA DEPRESSION est une maladie protéiforme qui se caractérise par une symptomatologie hétérogène. Si la douleur morale, la tristesse, l'inhibition psychomotrice qui envahit le corps et l'esprit, les troubles cognitifs sont le plus souvent sur le devant de la scène, des manifestations douloureuses leur sont fréquemment associées.
La dépression n'est pas une atteinte exclusive du psychisme, elle fait mal physiquement. Souvent occultée au cours des dernières décennies, la dimension douloureuse a été peu étudiée, sauf chez certaines personnes âgées ou dans le cadre particulier de la dépression masquée où elle était régulièrement mentionnée. Aujourd'hui, la douleur reprend sa place dans le tableau de l'épisode dépressif majeur et tend à apparaître comme un symptôme à part entière de la dépression. Un certain nombre d'enquêtes récentes réalisées sur des populations importantes de patients souffrant de troubles dépressifs majeurs ont montré, tant en Europe qu'aux Etats-Unis ou dans d'autres pays, la fréquence des manifestations associées ainsi que leurs localisations diverses et leur impact sur le pronostic. Le Pr Jean-Michel Azorin précise que ces constatations empiriques font écho à deux autres types de données.
Le premier est l'expérience subjective des patients ; un exemple particulièrement signifiant est celui de l'écrivain américain William Styron dans le récit qu'il a tiré de son expérience dépressive, « Face aux ténèbres » (chronique d'une folie).
Le second renvoie à l'histoire de la psychiatrie au cours de laquelle les notions de phrénalgie ou de douleur morale ont très tôt constitué des métaphores productives de la psychopathologie du trouble. La référence à l'expérience douloureuse a des conséquences à la fois sur le diagnostic, le traitement pharmacologique et la prise en charge psychothérapique des patients souffrant de troubles dépressifs.
Un double inhibiteur.
L'hypothèse d'une double implication et d'un déséquilibre des systèmes sérotoninergique et noradrénergique dans l'apparition des symptômes psychiques, physiques et douloureux de la dépression a conduit à développer un double inhibiteur, susceptible d'agir à la fois sur la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline.
L'ensemble des études (études pharmacologiques in vitro, études sur des modèles animaux in vivo, études précliniques) confirme que la duloxétine inhibe la recapture monoaminergique avec une efficacité quasi équivalente pour les transporteurs de la sérotonine et de la noradrénaline, qu'elle inhibe faiblement la recapture de la dopamine et n'a pratiquement pas d'affinité pour les récepteurs dopaminergiques, adrénergiques, cholinergiques et histaminiques.
L'ensemble de ces données a ouvert la voie aux études cliniques : Cymbalta a fait l'objet d'un programme clinique multicentrique incluant 3 158 patients présentant un épisode dépressif majeur selon les critères du DSM-IV. Son efficacité a été établie au moyen de plusieurs échelles d'évaluation permettant de mesurer son impact sur les symptômes psychiques et émotionnels classiques de la dépression, sur l'anxiété, les symptômes somatiques et les douleurs corporelles.
Une efficacité sur les symptômes psychiques et les douleurs corporelles.
L'efficacité de Cymbalta a été prouvée à la posologie recommandée de 60 mg une fois par jour dans deux études à court terme (9 semaines).
Randomisées, contrôlées en double insu versus placebo, menées chez des patients adultes non hospitalisés.
L'étude pivot menée auprès de 245 patients montre une amélioration des symptômes dépressifs matérialisée par une réduction significative des scores de Hamilton (HAMD-17) dès la 2e semaine de traitement avec une diminution des douleurs corporelles associées et une probabilité de rémission définie par un score total (HAMD-17 ≤ 7) deux fois supérieure à celles du placebo (15 % versus 32 % p = 0,003).
S'intéressant plus particulièrement aux symptômes physiques douloureux, une étude complémentaire (1) versus placebo a permis de démontrer l'efficacité de Cymbalta 60 mg/j pour améliorer l'épisode dépressif et les douleurs corporelles associées de patients présentant un épisode dépressif majeur avec un niveau douloureux au minimum modéré. La supériorité de Cymbalta apparaît dès la 2e semaine en ce qui concerne l'humeur dépressive, l'amélioration est notée dès la 1re semaine en ce qui concerne les douleurs corporelles (amélioration significativement au placebo sur l'item douleur moyenne et l'échelle BPI-SP [Brief Pain Inventory] à la 4e et 8e semaine).
Cymbalta témoigne d'une efficacité sur les symptômes psychiques de la dépression ainsi que sur les douleurs corporelles associées permettant ainsi de traiter l'ensemble des symptômes. Les effets indésirables les plus fréquents (nausées, bouche sèche, céphalées, diarrhées) sont le plus souvent d'intensité légère à modérée, et tendent à s'estomper lors de la poursuite du traitement.
Cymbalta, indiqué dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs et dans le traitement de la douleur neuropathique périphérique chez les diabétiques, est commercialisé en France depuis le mois de janvier.
Cannes. Dépression : nouvelles expressions et perspective thérapeutique. Symposium organisé par les Laboratoires Lilly et Boehringer Ingelheim, présidé par les Prs Jean-Pierre Olié (Paris) et Jean Dalery (Bron).
(1) M. Fava et al., « J Clin Psychiatry » 2004 : 65 : 521-530.
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