De notre correspondant
A U cours du colloque national sur le thème « Douleur et exclusion », le 14 juin à Lyon (1), avec le Dr Xavier Emmanuelli, fondateur du SAMU social, médecins, psychiatres, travailleurs sociaux, administratifs et élus vont confronter leurs regards sur la montée de l'exclusion sociale, de la souffrance psychique qui l'accompagne, et s'interroger sur le désarroi d'une société qui ne sait plus trop comment répondre à ce double phénomène.
Pour le psychiatre Jean Furtos (hôpital du Vinatier), président de l'observatoire régional de la souffrance psychique en rapport avec l'exclusion, ORSPERE (2), le colloque sera l'occasion d'interpeller les pouvoirs publics et la société civile. « Depuis des années, résume le Dr Furtos, nous, psychiatres, avons été constamment interpellés par les hommes politiques et la société parce que l'on a besoin de nous par exemple pour la souffrance psychique des bénéficiaires du RMI, pour prendre en charge les gens violents, ou encore pour imaginer des réponses au phénomène des bandes d'enfants délinquants. Nous avons notamment pu développer des réponses en secteur. Aujourd'hui, il nous semble urgent d'interpeller à notre tour les élus et la société : que faites-vous vous-mêmes concrètement pour tenter d'enrayer la montée de l'exclusion, ne faudrait-il pas imaginer des solutions plus en amont ? »
Face à ces questions, les élus ont aujourd'hui trois attitudes, ajoute-t-il. La première est de nier leur responsabilité et de « renvoyer le bébé aux professionnels de la maladie mentale ». La deuxième, qui est de créer de nouvelles structures d'accueil et de soins et d'embaucher des « psy ». La troisième, intéressante elle aussi, est « d'aller eux-mêmes directement au charbon » : c'est le maire qui se rend en personne au domicile des familles dont la voiture a été incendiée la nuit précédente, le secrétaire général qui se déplace chez le commerçant victime d'un acte de vandalisme, jusqu'aux élus qui se battent pied à pied pour obtenir le relogement en HLM de familles démunies. « Si nous ne voulons pas évoluer vers une société sécuritaire, conclut le Dr Furtos, il est temps de confronter les idées des élus, des médecins, des travailleurs sociaux; »
Des exclus parmi les exclus
D'autant, ajoute de son côté le Dr Pierre Lamothe, chef du service de psychiatrie pénitentiaire des prisons de Lyon, que la question se complique encore avec l'apparition relativement récente de « nouvelles catégories d'exclus ». Ces nouveaux marginaux, qui sont pour la plupart dans un refus absolu de tout rapport avec la société et vivent souvent dans les rues des grandes agglomérations, « deviennent en quelque sorte des exclus parmi les exclus ». Le colloque de Lyon analysera notamment la pertinence des réponses administratives et médicales face aux besoins thérapeutiques de cette population, sachant, précisément, que sa demande est par nature loin d'être explicite.
(1) A l'université Claude-Bernard Lyon-I, 8, avenue Rockefeller, 69373 Lyon Cedex. Renseignements et réservations au 01.46.38.77.37.
(2) Hôpital du Vinatier, Lyon-Bron, tél. 04.37.91.53.91.
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