Pour Frédéric Bastian, président jusqu'à aujourd'hui de SOS-Médecins, c'est clair, « le drame sanitaire de la canicule de l'été dernier n'était pas évitable ». Mais il reconnaît que certains signes avant-coureurs, comme une augmentation de 30 % des infections urinaires et des coliques néphrétiques au tout début du mois d'août, aurait dû mettre la puce à l'oreille des médecins sur les risques « d'épidémie de déshydratation ».
Si bien que SOS-Médecins veut mettre sur pied des « indicateurs de santé publique, une sorte de météo de la santé », qui sera accessible tout à la fois au public et aux organismes de veille sanitaire. Le tout étant censé refléter « l'état de santé de la population, avec des critères d'évaluation simples », comme la fièvre. Selon le Dr Bastian, la direction générale de la Santé a pris contact avec SOS-Médecins pour parler de ce projet, et un « contrat cadre » entre la DGS et SOS pourrait être signé. « Bien sûr, précise le président de SOS-Médecins, il va falloir peaufiner les critères et les seuils d'alerte, mais ce dispositif pourrait être mis en place d'ici à la fin de l'année ».
La visite à domicile, combat inachevé
Autre cheval de bataille de Frédéric Bastian, l'AcBUS (accord de bon usage des soins) du printemps 2002 portant sur la visite à domicile. Cet AcBUS « n'est fondé que sur des critères administratifs, nous souhaiterions qu'il soit fondé sur des critères médicaux », explique le Dr Bastian . Le président de SOS-Médecins estime que cet AcBUS est certainement valable pour un médecin libéral qui connaît sa patientèle, mais pas pour SOS, pour qui « chaque patient est un inconnu ». La défense de la visite à domicile est donc encore à ses yeux « un combat inachevé », même s'il se déclare favorable à une diminution du nombre de visites. « Il faut en finir avec le mythe de SOS-Médecins qu'il suffirait d'appeler pour qu'un médecin débarque chez vous en cinq minutes pour n'importe quel bobo », ajoute-t-il .
A cet effet, SOS a réalisé une enquête le 5 juin dernier sur 1 531 fiches de visite. Il apparaît que seuls 32 % des patients ont appelé directement SOS-Médecins, les 68 % restants ayant soit appelé d'abord leur médecin (qui n'a pas pu ou voulu se déplacer lui-même), soit appelé un numéro d'urgence, 7 % des appels provenant d'hôtels, de centres de sport ou de piscines. De plus, sur ces 1 531 visites, 32 % ont nécessité un acte technique, le plus souvent une injection, un électrocardiogramme ou une analyse d'urine. On est donc loin, selon Frédéric Bastian, de l'image du médecin de SOS accumulant les visites pour « faire du chiffre ». Mais, reconnaît-il, les mentalités ont changé, et les médecins de SOS, « qui avaient la réputation d'empêcheurs de tourner en rond », jouissent maintenant d'une reconnaissance institutionnelle, en particulier avec le décret sur la permanence des soins du 15 septembre dernier qui autorise notamment SOS à siéger aux CODAMU-PS (comités départementaux de l'aide médicale urgente et de la permanence des soins). Frédéric Bastian quitte aujourd'hui même un fauteuil de président de SOS-Médecins qu'il aura occupé durant cinq ans. On murmure que son successeur pourrait être le Dr Emile Hobeika, vice-président de SOS-Médecins-France et président de SOS pour la ville de Lyon.
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