A Lyon, les libéraux membres de SOS-Médecins ont décidé de rejoindre le mouvement de grève national de leurs confrères. Mais la préfecture a pour sa part choisi de réquisitionner la structure pour assurer la permanence des soins...
« SOS-Médecins participe au mouvement de protestation des médecins libéraux contre le projet de loi de santé, mais est réquisitionné. Ne quittez pas, une opératrice va prendre votre appel. » Lorsqu'on compose le numéro de SOS-Médecins Lyon, le message d'accueil annonce d'emblée la couleur : SOS-Médecins est en grève et entend bien le faire savoir aux patients, malgré les réquisitions.
« A Lyon, plus d'une cinquantaine de médecins font partie de l'association, indique le Dr Pierre-Henry Juan, président de SOS-Médecins Lyon et vice-président de SOS-Médecins France. Ils sont tous solidaires de la mobilisation. »
Pourtant, les patients peuvent continuer à faire appel à la structure, car le préfet du Rhône, Stéphane Rouvé, a signé des arrêtés de réquisition pour la période de grève, du lundi 29 décembre à 8 heures jusqu’au mercredi 31 décembre à 8 heures. Le centre d'appel de l'association, avec ses dispositifs de prise d'appel et de régulation, mais aussi « les locaux, les moyens de communication et d'exercice de la médecine » sont requis pour assurer la permanence et la continuité des soins.
350 actes par jour
Néanmoins, ces mesures n'empêchent pas les membres de SOS-Médecins de vouloir faire entendre leur voix. Ils protestent notamment contre la mise en place du tiers-payant intégral, « car la logistique ne suit pas ». Et ils plaident pour le maintien d'une permanence des soins ambulatoire 24 heures sur 24.
« Nous voulons défendre la permanence des soins ambulatoires (PDSA), explique le Dr Pierre-Henry Juan. Les pleins pouvoirs donnés aux directeurs des agences régionales de santé dans ce domaine laissent craindre un système à deux vitesses. Dans le Nord-Pas-de-Calais et en Lorraine par exemple, la PDSA s'arrête déjà à minuit. Ce n'est pas encore le cas en Rhône-Alpes, mais nous ne savons pas jusqu'où ces mesures vont faire tache d'huile... »
Pour lui, la suppression de la PDSA après minuit est une mesure « incohérente », qui risque de provoquer une inflation des coûts. « Si on compare le prix d'une visite médicale à 82.5 euros aux 300 euros pour un transport et un coût moyen de passage aux urgences, c'est un système qui n'est pas économiquement satisfaisant », observe-t-il.
A Lyon, SOS-Médecins effectue en moyenne 350 actes par jour, dont près de 130 entre 20 heures et 8 heures. Avec la grève des médecins généralistes et spécialistes, l'association est encore davantage mise à contribution. Ses lignes téléphoniques sont saturées et le temps d'attente devient de plus en plus long. « Heureusement, nous n'avons pas encore à faire face aux épidémies de grippe, gastro ou bronchiolite, sinon ça serait une catastrophe... », confie le Dr Juan.
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