« Les patients présentant un AIT sont à très gros risque vasculaire cérébral », précise le Pr Pierre Amarenco, qui dirige SOS-AIT (il est aussi chef du service de neurologie et du centre d'accueil et de traitement de l'attaque cérébrale du groupe hospitalier Bichat/Claude-Bernard, à Paris). Le risque à trois mois d'AVC est de 10,5 %. A cinq ans, il est de 30 %, celui d'infarctus du myocarde est de 12 % et celui de décès de 3,3 %. Les deux principales causes de mort après un AIT sont l'infarctus cérébral dans les six mois et l'infarctus du myocarde à cinq ans.
On comprend qu'il est d'importance primordiale de faire très rapidement le diagnostic d'une sténose de l'artère carotide (dont 70 % sont curables chirurgicalement) ou d'une cardiopathie emboligène (qui a un traitement spécifique). Des explorations étiologiques doivent donc être engagées dès que possible ainsi que la mise en uvre d'un traitement adapté.
SOS-AIT est rattaché à l'unité neuro-vasculaire de l'hôpital Bichat. Aux heures ouvrables, une infirmière qui a reçu une formation spécialisée va répondre aux praticiens pour valider un diagnostic, pour donner un conseil thérapeutique et, surtout, orienter vers la structure publique ou privée la plus proche capable de prendre en charge le patient. Aux heures nocturnes, le numéro continue à être opérationnel, basculé vers le neurologue de garde dans l'unité neuro-vasculaire. Lorsque le diagnostic est fait, le médecin traitant est informé par téléphone par le neurologue des résultats des investigations et il est consulté sur la décision thérapeutique.
Des signes parfois très discrets et très brefs
Comme le dit le Pr Amarenco, « le diagnostic d'AIT est un diagnostic difficile ». Les signes peuvent être très discrets et/ou très brefs. Ils peuvent évoquer de nombreuses pathologies, qui elles-mêmes, à l'inverse peuvent en imposer pour un AIT : migraine, épilepsie focale, lésion extensive (tumeur, hématome, malformation vasculaire) de la fosse postérieure ou sus-tentorielle, hypoglycémie, maladie de Ménière, SEP, glaucome, HTA maligne...
Le patient, son entourage et souvent les médecins ont tendance à minimiser l'importance de symptômes fugaces.
L'AIT se définit comme la perte focale d'une fonction cérébrale ou oculaire, d'installation brusque, d'origine ischémique, dont les symptômes durent moins de vingt-quatre heures et régressent sans séquelles (dans 25 % des cas, il dure moins de cinq minutes et dans 60 % des cas, moins d'une heure). Un AIT portant sur la circulation antérieure peut se présenter par une cécité monoculaire transitoire, une hémiparésie, des trouble sensitifs unilatéraux, des troubles du langage. Un AIT portant sur la circulation postérieure pourra donner une hémiparésie, des paresthésies unilatérales, un perte de la vision totale ou partielle, une ataxie sans vertige.
Au premier chef des causes, on trouve l'athérosclérose et les embolies d'origine cardiaque : les anomalies des artères cérébrales (60-80 %), les cardiopathies emboligènes (15-20 %), les maladies hématologiques et de l'hémostase, les perturbations hémodynamiques générales et, dans 5 à 10 % des cas, aucune étiologie n'est trouvée.
Parmi les examens complémentaires à mettre en oeuvre : l'écho-Doppler des artères extracrâniennes (sténose de la carotide interne, recherche d'athérosclérose) ; le doppler transcrânien (pour apprécier le retentissement hémodynamique en aval d'une sténose extracrânienne) ; l'angiographie cérébrale (avant un geste chirurgical ou pour rechercher une dissection artérielle) ; le scanner cérébral ou l'IRM cérébrale (pour éliminer une tumeur, un hématome sous-dural ou une malformation vasculaire).
Conférence de presse avec le Pr Pierre Amarenco (hôpital Bichat, Paris) et le Pr Philippe-Gabriel Steg (cardiologie, hôpital Bichat), avec le soutien des Laboratoires Boehringer-Ingelheim.
Deux décisions simples
« Il existe deux décisions simples : administrer sans attendre 500 mg d'aspirine par voie I.V. et adresser le patient pour le bilan diagnostique. » En revanche, il n'y a pas urgence à faire baisser la tension artérielle (risque d'hémiplégie). La prise en charge thérapeutique immédiate dépendra du diagnostic causal : chirurgie carotide en urgence, en cas de sténose serrée, anticoagulants, cardioversion, en cas de fibrillation auriculaire.
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