LA COMPRÉHENSION des effets biologiques des particules atmosphériques a bénéficié des progrès réalisés ces dernières années dans le domaine de la toxicologie. Cette discipline a bien sûr des limites inhérentes à cette discipline, notamment l'impossibilité de reproduire en laboratoire la complexité de l'environnement humain. Mais elle constitue un maillon indispensable à l'évaluation des risques.
Des études in vivo ou in vitro, réalisées dans des conditions contrôlées, ont en effet permis d'établir une relation dose/effet que les études épidémiologiques ne peuvent mettre en évidence que très difficilement. Les études toxicologiques permettent également de déterminer des seuils en dessous desquels des effets biologiques ne sont pas observés, et de fournir des informations sur le rôle des composés polluants atmosphériques spécifiques et sur leurs associations dans les réponses biologiques observées. Enfin, la toxicologie permet de comprendre les mécanismes d'action qui peuvent être impliqués dans les réponses observées chez les sujets exposés.
Les particules atmosphériques (PM) sont constituées d'un mélange complexe, la « soupe atmosphérique » (1). La composition de celle-ci varie en fonction du lieu et de la période d'observation dans l'année. Les particules Diesel sont les mieux caractérisées. Les particules prélevées en milieu urbain sont souvent comparées à des particules réputées inertes comme le dioxyde de titane et le noir de carbone. Toutefois, les études les plus récentes ont concerné les particules fines, dont le diamètre est inférieur à un micromètre, et les particules dites ultrafines, dont le diamètre est inférieur à un dixième de micromètre. Ces petites particules sont celles dont les risques pour la santé sont probablement les plus importants (2). En effet, même si leur masse est faible, puisqu'elles ne représentent que de 1 à 8 % de l'aérosol urbain, elles sont très nombreuses. Ainsi, dans un volume donné, elles constituent une surface réactive plus importante que celle des grosses particules. De plus, la taille respirable de ces particules leur permet d'atteindre le poumon profond (bronchioles et alvéoles) et d'y générer des processus inflammatoires qui peuvent ensuite induire des altérations des structures pulmonaires. Elles sont également susceptibles de transporter des produits toxiques divers comme des métaux, des composés organiques ou des allergènes.
Les personnels soignants sont accoutumés à l'emploi de deux types de masques ou filtres, les masques de soins ou masques médicaux et les appareils de protection respiratoire, qui sont filtrants ou isolants (3). Les masques de soins, également nommés masques antiprojections, masques d'hygiène ou masques chirurgicaux, ont pour principale fonction la protection du patient contre les aérosols émis par le soignant ou le visiteur. L'efficacité de ces dispositifs n'est évaluée que dans le sens de l'expiration et ne concerne que le risque d'émission de bactéries ou de microbilles calibrées. Ils ne sont pas conçus pour protéger l'utilisateur du masque, sauf dans les cas où ils servent d'écran contre les projections liquides provenant d'un patient au cours d'un acte de soin ou de chirurgie.
Moyens et objectifs.
Les appareils de protection respiratoire, quant à eux, protègent contre les risques liés à l'inhalation d'un air chargé en polluants. Ceux-ci peuvent se présenter sous forme de gaz, de vapeurs, de poussières et/ou d'aérosols. Les appareils isolants ne sont utilisés que dans le contexte d'un risque biologique comme dans un laboratoire P4, par exemple. Les appareils filtrants, ou filtres FFP (acronyme pour l'expression anglo-saxonne Filtering Face Piece particles), enfin, purifient l'air environnant par filtration. Ces filtres sont évalués au moyen d'un essai normalisé portant sur des aérosols dont le diamètre moyen est de 0,6 micromètre. L'efficacité de ces filtres FFP est classée en trois catégories. Les filtres P1 arrêtent au moins 80 % de l'aérosol, les filtres P2 au moins 94 % et les filtres P3 au moins 99 %. En revanche, ils ne protègent pas contre les vapeurs ou les gaz, qui ne peuvent être arrêtés que par des filtres spécifiques d'une famille de gaz constitués de granulats de charbon actif qui agissent par adsorption du polluant.
Comme l'indique le programme de surveillance air et santé en France (Psas) de l'Institut de veille sanitaire (4), «les masques actuellement disponibles dans le commerce ne sont pas efficaces vis-à-vis des particules très fines qui sont les plus dangereuses. Seuls les masques possédant des cartouches au charbon actif utilisés en milieu professionnel seraient efficaces».
L'Institut de veille sanitaire précise également qu'aborder le problème de la pollution atmosphérique par les masques «n'est pas la bonne solution et ne se situe pas dans une politique de prévention, mais dans un échec de la prévention», la solution étant la diminution des niveaux d'exposition.
D'après un entretien avec le Pr Michel Aubier, hôpital Bichat, Paris.
(1) Marano F. A-t-on raison de considérer que les particules atmosphériques fines et ultrafines sont dangereuses pour la santé ? Extrapol 2007;195:4-7.
(2) Marano F, Aubier M et coll. Impact des particules atmosphériques sur la santé : aspects toxicologiques. Environnement risques & santé 2004;3(2):87-96.
(3) Balty I. Appareils de protection respiratoire et métiers de la santé. Fiche pratique de sécurité ED 105, INRS Ed.
(4) Institut de veille sanitaire. Programme de surveillance air et santé en France (Psas) [en ligne : www.invs.sante.fr/surveillance/psas9].
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