L'altiste de référence du be-bop restera Charlie « Bird » Parker. Difficile pour les autres de se faire une place dans l'ombre de l'icône. Même pour ceux qui possédaient un phrasé original à l'image de Sonny Stitt (1924-1982). Considéré comme un suiveur et un imitateur doué du style Parker, le saxophoniste – alto, ténor et baryton – avait pourtant développé une approche instrumentale personnelle tout en restant dans la tradition du jazz de l'après-guerre.
Fin mélodiste, il participe à la révolution be-bop des années 1940-1950 dont il restera l'un des membres fondateurs, certes au second plan, et deviendra une source d'inspiration pour de nombreux saxophonistes à venir (dont John Coltrane). « Stitt's Bits : The Bebop Recordings, 1949-1952 » (Prestige/Universal) est un très beau coffret anthologie de trois CD qui rassemble des enregistrements réalisés pendant trois ans pour le label Prestige avec divers solistes et leaders de premier choix. Durant cette période charnière de sa carrière, Sonny Stitt – qui connaissait des problèmes d'alcool et de drogue qui le conduisirent en prison – va ainsi croiser la route de Jay Jay Johnson (trombone), Bud Powell (piano), Max Roach, Art Blakey et Jo Jones (batterie) et surtout de Gene Ammons (saxe ténor), avec lequel il va livrer de titanesques batailles de saxe, qui feront date dans l'histoire du jazz moderne. « Sonny Stitt sits in with the Oscar Peterson Trio » (Jazz in Paris/Gitanes Jazz/Universal) permet de retrouver le leader en 1959 à Paris, accompagné par le trio du pianiste Oscar Peterson (Ray Brown, contrebasse ; Ed Thigpen, batterie). Le premier se trouvait dans la capitale pour un engagement au Blue Note et le second dans le cadre d'une tournée du Jatp (Jazz At The Philharmonic) du producteur Norman Granz, à l'origine de la rencontre en studio. Au programme, des standards – dont deux compositions de Charlie Parker (« Au privave » et « Scrapple from the Apple ») – et un superbe blues pour « Prez, Sweet, Ben and all the other funky ones ». Rien que du bonheur !
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