L A mise en place de l'euro ne semble pas se faire, en France, à un rythme assez rapide, en dépit des campagnes d'information des pouvoirs publics qui sont sérieuses, mais ne peuvent pas offrir aux consommateurs un système de calcul mental simple et rapide.
La plupart des difficultés, pour le public, viendront du taux de l'euro par rapport au franc. Cette fois, il ne s'agit pas de surmonter la paresse intellectuelle qui a conduit un certain nombre de Français à raisonner en « anciens francs » quand leur valeur fut divisée par cent. Il s'agit d'avoir une référence pour les prix. Or il est impossible d'obtenir instantanément en francs la valeur d'un prix affiché en euros. On a besoin d'une calculette ou de faire soi-même l'opération.
De nouvelles calculettes expriment instantanément en francs une valeur en euros, et vice versa. Elles ne seront pas commodes à utiliser pendant les achats puisqu'il faut se servir des deux mains. On peut imaginer le calvaire des personnes âgées ou handicapées quand elles devront non seulement s'assurer qu'on ne les gruge pas mais recevoir leur monnaie en euros après avoir payé en francs, pendant la période de transition des deux premiers mois de l'année prochaine.
L'effort exigé des citoyens de l'Europe est donc considérable. Certains auraient souhaité des taux ronds, par exemple, 6,5 F pour un euro. Il était toutefois difficile de dévaluer ou de réévaluer une monnaie à l'occasion du passage à l'euro.
Ce qui est inquiétant, c'est qu'une partie de l'expérience sera faite un peu au hasard. Par exemple, on ne sait pas exactement qui va assumer les coûts du passage à l'euro : si ce n'est ni l'Etat ni les banques (qui sont en train de chiffrer le prix de l'opération, des milliards de francs), sera-ce le lampiste ?
Le gouvernement, en tout cas, doit être très présent dans la période de transition. Beaucoup de personnes devront être aidées, au moins les premières semaines. Ce qui exige du personnel, mais rien n'est prévu à ce sujet. On suppose que, spontanément, les supermarchés et les banques viendront à la rescousse de leurs clients embarrassés. Il leur faudra beaucoup de patience.
Ce qui est sûr, c'est que la monnaie unique implique des inconvénients qui seront pénibles pour nombre d'Européens. Cela devrait donner de la valeur à ce projet ; de sorte que, quand il aura été mené à bien, les citoyens des Onze pourront dire avec satisfaction que ce succès leur est dû.
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