COFONDATEUR du théâtre de l'Aquarium, Jean-Louis Benoît a toujours creusé un sillon original : depuis « Un conseil de classe très ordinaire » et jusqu'à « Une nuit à l'Élysée » en passant notamment par « La Nuit, la télévision et la guerre du Golfe », il s'est souvent appuyé sur des documents authentiques pour construire des spectacles, drôles, éclairants, féroces, efficaces et d'une haute qualité « théâtrale ».
Ainsi en est-il avec « De Gaulle en mai ». Jean-Louis Benoît, esprit curieux, a lu le « Journal de l'Élysée » de Jacques Foccart (1913-1997). Au coeur du pouvoir, les minutes des rencontres, échanges, décisions, analyses d'une situation qui, vue du « château », est très lointaine et dont on mesure mal l'importance. Benoît s'est également servi de quelques discours et d'articles de presse.
Cinq comédiens incarnent ces « personnages » que sont le Général de Gaulle (Jean-Marie Frin), Jacques Foccart (Arnaud Décarsin), Christian Fouchet (Luc Tremblais), Georges Pompidou (Laurent Montel), Pierre Messmer (Dominique Compagnon, qui joue d'autres figures). Nulle recherche de ressemblance physique. Pas de reconstitution mais une transposition. Un décor en grandes armoires mobiles à transformations (Alain Chambon), pas d'appui excessif d'archives. Une chanson, comme un leitmotiv, « À bicyclette » par Yves Montand, et, ponctuant la représentation, inattendus et hilarants, des morceaux chorégraphiés par Lionel Hoche dans lesquels excellent les cinq épatants comédiens.
On le voit, c'est très sérieux, riche de révélations, et c'est farcesque. Du théâtre qui divertit et fait réfléchir. C'est d'incompréhension et de solitude que parle ce spectacle et dans l'ombre du Général, il y a tous les rois de la littérature dramatique que le pouvoir et les hommes abandonnent.
Théâtre national de la Criée à Marseille jusqu'au 31 octobre (04.91.54.70.54). Durée : 2 h sans entracte. Reprise au théâtre de la Commune d'Aubervilliers du 14 au 30 novembre, puis à Saint-Brieuc, Tours, Béthune, Montpellier, Nice, Avignon, notamment.
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