La plupart des schizophrènes sont dans une « dynamique d'exclusion », rappelle le Dr Denis Leguay (Saint-Gemmes-sur-Loire). Les quatre cinquièmes sont célibataires, un sur dix seulement a un travail que l'on peut considérer comme « normal ». Il est habituel de la rapporter aux « difficultés de communication » qu'ils rencontrent.
A considérer les résultats des deux enquêtes menées auprès de 300 psychiatres hospitaliers et parrainées par les Laboratoires Sanofi-Synthélabo France (1999 et 2002), ces difficultés ne sont pas que de leur fait : 65 % des psychiatres interrogés attendent entre 7 mois et 2 ans pour annoncer le diagnostic une fois qu'il est connu, 45 % attendent que le patient le demande, 82 % n'emploient pas le mot « schizophrénie », mais de savants euphémismes, tels que psychose, perte du sens de la réalité, troubles de la personnalité. Pour expliquer ce retard au diagnostic sont incriminées, une fois sur deux, la mauvaise image sociale de la maladie et, trois fois sur cinq, sa gravité.
Pourtant, insiste le Pr Charles-Siegfried Peretti (Reims), 97 % des psychiatres estiment nécessaire de dialoguer avec leurs patients et leurs familles sur la maladie. Le problème est que l'information à donner est complexe et prend du temps. Elle doit porter sur les traitements médicamenteux, la reconnaissance des symptômes, l'insertion sociale et professionnelle, la pathologie elle-même, aussi bien que sur la gestion de la vie quotidienne, les habiletés sociales, la vie affective et sexuelle. Trois psychiatres sur cinq estiment ne pas disposer des outils nécessaires pour cela.
Le programme Soleduc veut répondre à cette demande, en proposant des outils spécifiques, souples d'usage et multisupports (vidéo, kits de diapositives, fiches d'information), articulés autour de thèmes débattus en petits groupes de patients ou de proches encadrés par l'équipe thérapeutique (la maladie, la prise en charge, les modalités de suivi, la réhabilitation-réinsertion).
Travail collégial
Le Dr Nadine Bazin (Versailles) rappelle que ce programme, qui existe depuis plus de trois ans, a changé les pratiques de ses participants, car il représente un des moyens de rendre effective la mise en œuvre du concept d' « alliance thérapeutique » avec les patients. Sa réactualisation récente, au vu des résultats de la dernière enquête menée auprès des psychiatres, s'inscrit dans une démarche qui se veut non dogmatique et au plus près des évolutions.
Le Dr Jean-Paul Chabannes (Saint-Egrève) insiste avec force sur le fait que « le programme permet un travail collégial, ce qui le distingue des programmes nord-américains fondés sur le travail d'un seul » et que, ainsi, « aucun discours n'est prépondérant, pas même le discours scientifique ». Pour lui, il s'agit d'un programme profondément original parce que fondé sur la réalité de l'exercice français de la psychiatrie et issu d'une dynamique dont les psychiatres sont à l'origine : conception et mise en place sont de leur fait, même si Soleduc ne peut exister sans le soutien des Laboratoires Sanofi-Synthélabo France.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires Sanofi-Synthélabo France : « Soleduc, schizophrénie ? parlons-en ».
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