Neuf organisations représentatives de la médecine générale et des acteurs du premier recours se sont réunies ce jeudi pour presser le gouvernement de lancer une politique ambitieuse de développement des soins primaires, à l’occasion de la présentation de la stratégie nationale de santé, lundi prochain.
Les syndicats de médecins généralistes (MG France, SMG), d’étudiants et d’internes (ANEMF et ISNAR-IMG), les jeunes professionnels en exercice et remplaçants (REAGJIR et SNJMG), la communauté enseignante (CNGE et SNEMG) mais aussi les médecins des centres de santé (USMCS) ont avancé les mesures prioritaires qui doivent à leurs yeux être mises en place pour réorganiser le système de santé et les soins de premier recours autour des médecins généralistes.
Les différentes organisations plaident pour l’application du rapport du comité des sages dont les conclusions ont fuité dans la confusion cet été.
Une loi Debré pour les soins primaires
« En 1958, la loi Debré a été une réussite pour structurer les CHU, il faut lancer la même opération pour la médecine de proximité », clame le Dr Claude Leicher, président de MG France.
Le chef de file de ce front des généralistes espère que l’Élysée et Matignon sauront donner une nouvelle impulsion à la politique de santé. « Aujourd’hui, nous nous demandons qui pilote quoi, poursuit le Dr Leicher. Est-ce que la santé intéresse François Hollande et le gouvernement ? » L’impatience monte. « Nous offrons une chance au gouvernement de réformer le système de santé et de faire une politique de gauche, glisse avec ironie le Dr Didier Ménard, président du Syndicat de la médecine générale. Il dispose d’un mode d’emploi avec le rapport Cordier. Nous espérons que Marisol Touraine aura le courage politique de l’appliquer. »
Le front généraliste attend du gouvernement des signaux forts qui portent autant sur l’organisation des soins primaires que sur la rémunération du travail en équipe, l’extension du tiers payant ou le développement de la filière universitaire de la médecine générale.
Se former en ville
La formation initiale est un enjeu majeur pour la spécialité toujours méconnue des carabins.
L’ANEMF réclame que tous les étudiants en médecine puissent accéder au stage de découverte de médecine générale pendant le 2e cycle (contre 50 % aujourd’hui). « Les internes de médecine générale ne sont pas prêts à exercer à la fin de leurs études et ne peuvent donc pas utiliser à bon escient les mesures incitatives, estime pour sa part Julien Poimboeuf, président de l’ISNAR-IMG. Les thématiques relatives à l’installation en cabinet ou l’apprentissage de la gestion ne sont que très peu enseignées dans les facultés de médecine. » Les jeunes professionnels souhaitent que la formation puisse davantage se réaliser en ambulatoire dans des cabinets de ville.
Schizophrénie
Les enseignants de la discipline sont également en attente de moyens et d’une plus grande reconnaissance universitaire. Le SNEMG plaide pour que les chefs de cliniques, enseignants associés et les titulaires soient nommés en nombre suffisant pour assurer les missions des départements de médecine générale. « Nous nous trouvons dans une situation schizophrénique puisqu’il nous faut former 50 % de généralistes mais on ne nous en donne pas les moyens », fustige le Pr Vincent Renard, président du CNGE.
Ce groupe n’a pas exclu de taper du poing sur la table si les annonces de Marisol Touraine et de Geneviève Fioraso, lundi prochain, n’étaient pas à la hauteur des enjeux.
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