L ES soins de proximité sont-ils une « spécialité » française ?
Le rapport du CREDES qui traite de ce problème (1) reste à cet égard prudent, même s'il note que l' « importance accordée aux soins de proximité est une forme d'exception française ». Mais chez nous, cette notion fait d'abord référence aux simples problèmes géographiques que rencontrent les patients pour accéder rapidement aux soins. Alors que, dans d'autres pays, les difficultés d'accès englobent les problèmes financiers de certains patients qui ne peuvent pas, comme aux Etats-Unis, accéder aux soins qu'ils réclament ou des problèmes d'organisation (listes d'attente, notamment), comme cela se passe en Grande-Bretagne ou dans d'autres pays, notamment scandinaves.
L'étude souligne que la notion de proximité des soins, qui alimente bien des débats, n'est pas toujours aussi importante qu'il n'y paraît, pour les patients. « Contrairement à une idée reçue, écrivent les auteurs du rapport, les consommateurs ne se rendent pas au service le plus proche : en Grande-Bretagne, seul un tiers des patients sont inscrits auprès du généraliste le plus proche. En France, en cas d'hospitalisation, l'établissement le plus proche n'est pas toujours choisi, et la distance parcourue par les patients augmente avec le niveau d'instruction, quel que soit le degré d'urbanisation. » En fait, toutes les analyses (et elles sont surtout le fait des pays anglo-saxons) le montrent : il n'y a pas d'effet considérable de la distance sur le recours aux soins. Ce phénomène concerne surtout, et c'est sans doute là que réside l'un des facteurs essentiels d'inégalité d'accès aux soins, les personnes à mobilité réduite ou sans moyen de transport autonome.
D'abord la prévention
Autre enseignement : rien ne permet d'affirmer que proximité égale qualité des soins. « Il n'est pas démontré, explique le CREDES, que le plus proche est le mieux, car il n'est pas prouvé que l'éloignement des services entraîne des conséquences dommageables pour la santé, non plus qu'une consommation de soins insuffisante. » Ainsi, la « preuve directe de la relation entre distance et mortalité ou morbidité est rare ». En dehors, évidemment, des cas de l'urgence vitale.
En fait, comme le note le CREDES, « les études montrent que l'effet de l'accessibilité géographique est plus marqué sur le plan de la prévention que sur le plan curatif ». On s'adresse plus facilement à une structure de soins ou à un établissement hospitalier proche de son domicile pour faire des examens de santé, même un peu délicats, que pour des soins pour lesquels on choisit un praticien, un hôpital ou une clinique, même s'ils ne se trouvent pas à proximité.
(1)« Les soins de proximité : une exception française ? », CREDES, 1, rue Paul-Cézanne, 75008 Paris. Tél. 01. 53.93.43.02.
www.credes.fr
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