Décision Santé. Quel est le pouvoir du ministre de la Santé dans le contexte actuel de rigueur budgétaire ?
Marisol Touraine. La politique de santé que j’entends conduire se fondera sur la recherche de gains d’efficience et sur l’amélioration de la qualité des soins. Soigner mieux ne signifie pas que nous devons dépenser plus. Une contrainte budgétaire et financière importante pèse sur l'ensemble de nos politiques publiques. Dans ce contexte, et alors que le domaine de la santé est prioritaire pour le Gouvernement, il existe aussi des marges de manœuvre pour dépenser mieux.
Pour la santé des Français, je ne me résignerai pas, car nous devons dans ce domaine faire preuve d’inventivité afin de proposer des solutions nouvelles, qui permettront de pérenniser la qualité des soins.
La structuration de l’offre de soins ambulatoires est, à ce titre, un excellent exemple : grâce à une utilisation plus adaptée des ressources dont nous disposons, nous répondrons efficacement aux besoins des patients, à un coût maîtrisé.
D. S. Peut-on définir une politique nationale de santé alors que les maladies sont sans frontières ?
M. T. Chaque territoire a ses spécificités. Une politique nationale de santé, pour être efficace, doit être adaptée aux singularités d’un territoire et d’une population. Je pense notamment aux actions que nous menons en France contre les inégalités de santé, ou à la lutte contre les déserts médicaux. Ces mêmes objectifs de santé publique seront déclinés de façons différentes, selon le pays considéré. Les actions de prévention, parce qu’elles visent souvent à modifier des comportements culturels, sont également la preuve que l’échelon national est pertinent pour faire face, par exemple, à la montée en puissance des maladies chroniques.
Toutefois, la série de pandémies qui a frappé le monde ces dernières années, montre bien que des politiques de santé doivent être également menées au niveau international : c'est le rôle de l’Organisation mondiale de la santé que d’aider les États à élaborer des lignes directrices au niveau international. Et la France y contribue activement.
Je travaille également étroitement avec le commissaire européen à la santé et mes homologues, pour faire progresser la coordination des politiques de santé au niveau communautaire : si la santé est une compétence des États et doit le rester, beaucoup d'actions sont bien plus efficaces lorsqu'elles sont menées de façon cohérente au niveau européen.
D. S. Peut-on à la fois gérer l’organisation des soins et définir des enjeux de santé publique ?
M. T. C’est justement le défi qu’il nous faut aujourd’hui relever. D’une part, nous nous attachons à réorganiser l’offre de soins. Pour faire face au cadre budgétaire et financier contraint, nous engageons actuellement les réformes qui s’imposent, en fonction des grands axes que j’ai définis : les soins de proximité, l’accès aux soins d’urgences, la lutte contre les déserts médicaux, la structuration de l’offre de soins ambulatoires. D’autre part, nous travaillons à identifier les grandes priorités de santé publique : je pense à la santé des jeunes, à la lutte contre le cancer ou les maladies chroniques… qui seront prises en charge de manière renouvelée dans une organisation de soins modernisée.
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