EN FRANCE, 8,5 millions de personnes partent aux sports d'hiver chaque année. A la montagne, ce sont les entorses qui constituent le traumatisme le plus fréquent à tous les âges (60 % des lésions). Et 14 500 personnes sont victimes de sa forme la plus grave : la rupture du ligament croisé antérieur (LCA).
« Globalement, le ski est un sport à risque, mais le pourcentage d'accidents est relativement faible ; et cette pratique, comme toute activité physique, doit continuer à être encouragée », a souligné le Pr Gérard Saillant (chef de service de chirurgie orthopédique et traumatologique de la Pitié-Salpêtrière) lors d'une « Matinée médicale de l'AP-HP » consacrée à ce thème. Lors de l'hiver 2003-2004, 14 personnes seulement sont décédées sur des pistes balisées et 23 en dehors des pistes, soit 2,4 fois moins qu'en été.
Les différentes pratiques sportives n'entraînent pas le même risque : il y a 1,5 fois plus d'accidents en snowboard qu'en ski alpin et le miniski est le sport où il y a le moins d'accident, en dépit d'un risque plus élevé de fracture de la jambe. La tendance, observée depuis 1998, tous sports confondus, est une baisse des entorses du genou (autre que rupture du LCA), une stabilisation des ruptures du LCA et une augmentation des fractures de la jambe et des traumatismes crâniens.
Neuf blessés sur dix soignés dans le cabinet du médecin.
Dans l'ensemble, les accidents ne sont pas d'une très grande gravité et 9 blessés sur 10 sont totalement traités au sein du cabinet du médecin de montagne. « Les populations les plus à risque sont les débutants (moins de 7 jours de pratique) et les débrouillés qui n'ont pas une excellente condition physique ou qui n'ont aucune autre pratique sportive pendant l'année », précise le Dr Jean-Dominique Laporte, président de l'Association des médecins de montagne.
Les politiques de prévention lancées depuis une dizaine d'années semblent avoir porté leurs fruits : grâce aux aménagements des stations, les risques de collision contre obstacle ont été divisés par trois. La campagne télévisée de 2000-2001, réalisée par l'Inpes (Institut national pour la prévention et l'éducation en santé) et l'Association des médecins de montagnes sur le thème de la fixation des skis a fait diminuer de 50 % le nombre de ruptures du LCA (voir ci-dessous la campagne 2004-2005). Enfin, les moins de 11 ans sont aujourd'hui 70 % à porter un casque (contre 15 % en 1995). Or le port du casque fait diminuer le risque de lésions du crâne de 26 %. Il ne faut pas oublier que les sports d'hiver exigent une bonne condition physique. « Le ski a beaucoup de points communs avec les sports mécaniques dans la mesure où l'on ne fabrique pas sa propre vitesse, comme dans la course à pied, mais qu'elle provient de l'énergie cinétique. On a alors l'impression qu'il est moins nécessaire d'avoir une bonne condition physique, ce qui est faux », indique le Dr Roland Krzentowski, spécialiste de médecine physique et sportive. Les enfants et les plus de 55 ans sont donc naturellement plus exposés.
Plus surprenant : les femmes sont plus vulnérables dans la pratique des sports d'hiver. « Les femmes sportives ont de 4 à 7 fois plus de risques de faire une rupture du ligament croisé antérieur par rapport à une population d'hommes pratiquant les mêmes sports à un niveau identique », explique le Dr Krzentowski. Les raisons en sont anatomiques (jambes en X chez les femmes et arquées chez les hommes) et hormonales (ce qui donne une plus grande laxité des ligaments) : les genoux sont chez elles d'autant plus fragiles. On observe d'ailleurs les mêmes fréquences de traumatismes chez les rares footballeuses.
Conseils pour les patients
Que conseiller à ses patients qui partent aux sports d'hiver ?
- Pour se préparer physiquement : prendre à vitesse rapide les escaliers à la place de l'ascenseur (pour se muscler en montant et pour développer « l'intelligence » du genou en descendant), faire du vélo (pour travailler la vigilance et l'équilibre) et de la natation (pour améliorer le renforcement musculaire).
- Choisir des skis adaptés : par exemple les skis courts qui facilitent la prise de virage sont plus adaptés pour les débutants et en période d'adaptation.
- Faire régler ses fixations par un professionnel : près d'un accident de ski sur trois provoque une entorse du genou et dans la majorité des cas un mauvais réglage des fixations est en cause.
- Pour les enfants : le port d'un casque est particulièrement conseillé pour les moins de 11 ans dans la mesure où, en cas de collision, ils sont plus fréquemment touchés au niveau de la tête.
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