EN CLOTURANT son enquête, en septembre 2005, la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy avait retenu des charges contre 12 personnes dans l'affaire de l'hormone de croissance contaminée, qui a fait plus de cent victimes. Le parquet de Paris, dans son réquisitoire de 221 pages signé la semaine dernière, demande le renvoi en correctionnelle de 6 d'entre elles, pour «homicides involontaires, blessures involontaires et tromperie aggravée».
Le Pr Jean-Claude Job était le responsable de l'association France Hypophyse, chargée de la collecte des hypophyses. Fernand Dray était responsable de la production de l'hormone de croissance au Laboratoire Uria de l'Institut Pasteur. Marc Mollet et Henri Cerceau sont poursuivis en tant qu'anciens responsables de la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris, le Pr Jacques Dangoumau comme ex-directeur de la Pharmacie et du Médicament au ministère de la Santé et le Dr Elisabeth Mugnier comme médecin responsable de la collecte des hypophyses.
Le parquet demande le non-lieu pour les 6 autres mis en examen, parmi lesquels des médecins qui avaient collecté de l'hypophyse sur des cadavres et des personnes poursuivies pour des délits financiers présumés. Il revient à la juge, qui n'est pas tenue de suivre les réquisitions du parquet, de rendre l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. Comme l'annonçait « le Quotidien » le 20 décembre 2006, le procès pourrait donc avoir lieu cette année. C'est en tout cas le souhait de l'Association des victimes de l'hormone de croissance (Avhc), selon laquelle le réquisitoire correspond pour l'essentiel à l'attente des familles.
Cela fera seize ans qu'elles attendent, les familles. L'instruction a été ouverte en 1991 pour des faits remontant au milieu des années 1980. Entre 1982 et 1986, un millier d'enfants atteints de déficit hypophysaire ont été traités par de l'hormone de croissance prélevée sur des cadavres. En 1985, des scientifiques ont averti de risques de contamination par l'agent de la maladie de Creutzfeldt-Jakob mais ce n'est qu'en 1988 que l'hormone extractive a été remplacée par un produit de synthèse.
Malgré la longueur de la procédure, le tribunal de grande instance a rejeté en décembre la demande de dommages-intérêts déposée par des victimes, jugeant qu'il n'y avait pas eu de «déficience caractérisée traduisant l'inaptitude du service public à remplir sa mission», ni que «le délai raisonnable» avait été dépassé.
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