Le contexte économique a changé

Six raisons d’espérer

Publié le 04/12/2014
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Crédit photo : AFP

À cet espoir s’oppose une conjoncture désastreuse, avec un chômage toujours en hausse, des investissements en perte de vitesse et, pour la France, la difficulté, presque insurmontable, de réduire la dépense publique. Le gouvernement a diminué les dotations des collectivités locales, elles s’estiment en perdition. Le plus inquiétant, c’est la faiblesse de l’Europe tout entière. Même l’Allemagne, aujourd’hui, est privée de croissance. L’Italie, censée prendre son essor grâce à son jeune président du Conseil, le très réformateur Matteo Renzi, n’a réussi ni à relancer son économie ni à réduire sa dette. L’Espagne aussi est accablée par les tourments d’une crise qui dure. Enfin le taux de croissance de la Chine n’est plus ce qu’il était, il est tombé de 10-12 % par an à 7-6. Ce n’est donc pas de l’Asie que viendra le salut.

En revanche, la croissance américaine s’envole. Le plan engagé par le président Obama (presque 900 millions de dollars) il y a cinq ans commence à porter ses fruits et, en moyenne annuelle, le taux de croissance américain est passé à 4,6 % au deuxième trimestre et à 3,9 % au troisième. En comptant un temps de latence d’au moins six mois avant que cette prospérité se propage partiellement à l’Europe, celle-ci en subira les effets bénéfiques au milieu de 2015. Les exportations de l’Europe vers les États-Unis sont déjà favorisées par une baisse très sensible de l’euro (moins 10 % en six mois). Cette baisse miraculeuse, les entreprises françaises la souhaitaient depuis longtemps et Arnaud Montebourg, quand il était ministre du Redressement productif, la réclamait, comme si la parité d’une devise pouvait être manipulée par les gouvernements. En réalité, c’est le marché des changes qui décide.

Le plan Juncker.

Le troisième point positif, c’est l’action de la Banque centrale européenne (BCE), qui continue à mettre sur le marché des liquidités considérables destinées à favoriser les prêts à bas coût aux entreprises. Mario Draghi, président de la BCE l’a déjà fait il y a 18 mois, il vient de s’engager à répéter l’opération en distribuant de l’argent aux banques européennes, à condition qu’elles prêtent cet argent aux entreprises. Le quatrième point positif, c’est le plan de 315 milliards en trois ans annoncé par Jean-Claude Juncker, président de la Commission de Bruxelles, et qui est censé soutenir financièrement des travaux structurels dans toute l’Europe. Cependant, M. Juncker ne peut aligner que 21 milliards, somme qu’il considère comme une semence capable d’attirer dans les caisses du projet européen quelque 300 milliards de fonds privés. On verra si ça marche. Mais c’est un encouragement aux entreprises pour qu’elles recommencent à prendre des risques. Tout est fait pour rassurer les banques et leurs créditeurs. Le cinquième point, et pas des moindres, est l’attitude de l’Allemagne, qui commence à comprendre que l’Europe finira par mourir guérie du traitement austéritaire qu’elle préconise. Sans renoncer publiquement aux principes qui la guident, Angela Merkel laisse faire Mario Draghi et de Jean-Claude Juncker.

Tout en observant cette série de facteurs favorables, on remarque que, si prochainement la conjoncture s’améliore, ce ne sera pas sous l’influence des gouvernements, mais des cycles économiques. Seuls les États-Unis ont agi en décidant d’explorer le gaz et le pétrole de schiste. Ce faisant, ils ont fait baisser le coût de l’énergie de 30 % (le prix du baril de pétrole est tombé de 115 à 80 dollars). De sorte que le prix de revient des productions industrielles a baissé dans le monde entier. C’est le sixième point positif.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du Médecin: 9371