ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
Sous le titre « Les peintres du silence », voici une sélection de ces artistes « fin de siècle » contemporains des grands bouleversements de la peinture amorcée par l'impressionnisme et qui va buter sur les grands courants modernistes, ignorant les secousses dont l'art est alors atteint pour scruter d'un pinceau attentif, méditatif et précieux, les secrets de l'âme, les mystères de la réalité.
C'est le règne du symbolisme, une peinture qui ne s'occupe guère de techniques nouvelles, et ne se remet pas en question, uvrant dans une facture classique, voire académique, mais qui construit un monde hors du temps, dans l'intimité des objets de notre environnement, une sorte de lecture tranquille et fascinée par le mystère qui émane des choses les plus simples.
Il y a, à la fois, la recherche d'un idéal, d'une notion du beau, mais chargée d'une sorte de mystère qui nimbe toute chose d'une grâce particulière, et la rend presqu'irréelle. Une vision qui entraîne une grande diversité de facture souvent sollicitée par le souci du rendu le plus proche de la matière des choses. Car même les objets du quotidien ont leur mystère, le plus ordinaire y gagne une suprême beauté.
En figure de proue, Degouve de Nuncques, que Magritte a si bien compris et même copié, dispensateur d'un mystère de la nuit, enveloppant d'une nappe ouatée et lunaire des maisons fantomatiques. Philippe Derchain ose des cadrages audacieux, inventifs, et déjà très cinématographiques, pour décrire un arbre dépouillé par l'automne, la présence furtive d'un objet devant une fenêtre, ou à travers elle, l'étrangeté d'une rue nocturne.
Une histoire à réinventer
Auguste Donnay étire des paysages de neige dans l'expression d'une solitude pesante. Georges Le Brun s'attarde dans des intérieurs douillets, avec cette étrange fuite d'un « Homme qui passe ». Tout l'art de suggérer une histoire à réinventer par de minuscules détails.
Maurice Pirenne, qu'aimait tant le narquois André Blavier alors qu'il éditait « Temps Mêlés », une revue étroitement liée à l'aventure culturelle de cette région ingrate de la région de Verviers industrielle et polluée, distille des natures mortes qui ont toute la charge émotionnelle d'un Chardin moderne transportant son regard vers des paysages chargés de nuit et de mystère.
C'est enfin le règne absolu de Léon Spillaert, l'une des figures majeures de la peinture « fin de siècle » en Belgique, qui annonce à la fois l'expressionnisme et le surréalisme, inventant des paysages réduits à l'essentiel de leur essence mystérieuse et parfois inquiétante.
Le paysage de Ferdinand Khnopff est dans l'absolue logique de sa démarche hautement dominée par la poésie qu'il cultive. Il est l'auteur de cette icône de la peinture-poésie du XIXe siècle, où le silence s'instaure comme une figure de divinité. Ici traduit en paysages d'une tendre mélancolie.
« Les Peintres du silence ». Centre Wallonie-Bruxelles, 127-129, rue Saint-Martin (en face du centre Beaubourg). Jusqu'au 24 février. De 11 heures à 19 heures. Entrée 3 euros.
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