Antiquités
Il faut s'y faire, à coup de bicentenaires à répétition, l'Empereur occupe plus que jamais le terrain des enchères et remporte au galop les batailles de chiffres que se livrent autour de lui les ennemis d'hier. Russes et Anglais ne sont pas les moins passionnés par l'ogre désormais inoffensif, et ceux qui n'étaient pas concernés par l'épopée, Japonais et Américains, ne sont pas les derniers dans la course aux records.
Quant aux maisons de vente, c'est à qui rédigera le plus beau catalogue. Celui de Sotheby's, un an jour pour jour avant l'anniversaire du Sacre, évoque plutôt le souvenir d'Austerlitz, un autre 2 décembre, avec une colonne Vendôme de 172 cm, commandée en 1835 par Louis-Philippe, et provenant d'un petit neveu de l'Empereur : on en attend 60 000/80 000 euros.
La vente ne contient pas de reliques proprement dites, genre mèche de cheveux ou mouchoir pas lavé, mais on y trouve de beaux portraits peints ou sculptés, comme ce joli buste, par Bosio, de l'impératrice Marie-Louise, crédité de 55 000/70 000 euros, et quelques précieux objets personnels, comme le nécessaire de campagne du maréchal Mortier, (30 000/50 000 euros) et le confiturier en argent du maréchal Berthier, (8 000/12 000 euros).
La partie la plus intéressante de la vente, ce sont les 170 manuscrits et autographes qui la terminent, et plus précisément les 144 lettres de Napoléon au Maréchal Davout, (estimées entre 500 et 2000 euros pièce), de 1805 à 1815, qui balayent l'ensemble de l'épopée. Le style est militaire, sur le ton du commandement et de la confiance, et non dénué d'un certain romantisme. L'Empereur se préoccupe des mouvements de troupes, mais aussi de l'approvisionnement et de l'habillement des soldats. La correspondance est à sens unique et il y manque les années 1812 à 1814, notamment la Campagne de Russie dans laquelle Davout joua un rôle important. Elle n'est toutefois pas inédite, en tout cas pas inconnue et n'apporte rien en matière d'éclairage historique.
Moins connus sont les projets américains de Napoléon, révélés par un ouvrage sur « les provinces de Louisiane et Floride occidentale », rédigé en 1802, « par un observateur résidant sur les lieux ». On sait qu'en 1803 le Premier consul avait cédé aux Etats-Unis la Louisiane française pour se ménager les bonnes grâces des Américains et « les brouiller avec les Anglais ». Douze ans plus tard, après Waterloo, l'Empereur envisage sérieusement d'émigrer aux Etats-Unis et de s'y faire oublier. A son départ pour Sainte-Hélène, il emporte des livres sur l'Amérique et les Etats-Unis, dont cet ouvrage, rapporté par Marchand, son valet de chambre et offert par lui au comte Napoléon Primoli, petit neveu de l'Empereur. On en attend 45 000/55 000 euros.
Mardi 2 décembre, 11 h et 15 h, galerie Charpentier, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Sotheby's. Exposition à partir du vendredi 28 novembre.
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